mardi 31 juillet 2007

45e anniversaire du Conjunto Folklórico Nal: Nouveau Blog!!


Cette année marque le 45e anniversaire du Conjunto Folklórico Nacional, et aujourd'hui est le 44e anniversaire de son premier concert le 25 juillet 1963. Pour commencer, nous sommes heureux de vous présenter quelques extraits photographiques du catalogue original du CFN datant de 1963. Mille mercis à Román Díaz et Berta Jottar pur avoir eu la gentillesse de partager ce document avec nous (et avec vous). La quasi-totalité des (nombreuses) photos du catalogue est sur notre nouveau site.
Allez au NOUVEAU BLOG sur le CFN EN CLIQUANT ICI

En plus du livret écrit par Rogelio Martinez Furé, le catalogue contient des photos historiques des artistes principaux de cette première version du CFN, tels Carlos Aldama, Lázaro Ros, Jesus Pérez, Trinidad Torregrosa, Nieves Fresneda, Luis Chacón, Ricardo Gómez Santa Cruz, etc…. Voici quelques extraits non-retouchés (cliquez sur les photos pour les agrandir).

(Isora Pedroso en Eleguá, Carlos Aldama, Armando Sotolongo et Alfonso Aldama)

(Trois parmi les sept "Informantes" du CFN: Manuela Alonso, Emilio O'Farril et Lázaro Ros)

(Ricardo Gómez Santa-Cruz, Luis Chacón Mendivel et Orlando López "El Bailarín"

Téléchargez la version complète (68 pages) au format pdf (18MB) en cliquant ici.

Dedicado a nuestro amigo Yamil de Milano: su papá José Castillo Herrera.

lundi 30 juillet 2007

Disparition d'Esteban "Chachá" Vega


Ce mail tragique envoyé par Gregorio El Goyo Hernández nous est parvenu le 19 juillet:
Murió Esteban Domingo Vega (Chachá), el Quintero Mayor…
Ce 18 juillet, à l'âge de 81 ans, s'est éteint celui qui avait l'amitié de tous les joueurs de tambours batá et de tous les rumberos qui avaient eu la chance de le rencontrer. Chachá était l'un des derniers élèves de Pablo Roche encore en vie, et un membre-fondateur des Muñequitos de Matanzas.

(Crédits Photo: Sistema Sonoro Macaco)


Il s'était fait un devoir de s'occuper de l'avenir du fameux et unique tambour d'Olókun, dont Eugenio Lamar avait la charge, sans que nous sachions si Chachá avait réussi à réunir les fonds pour le faire (re)-consacrer.
La photo qui suit, extraite du livre de John Mason "Orin Oricha", le montre en 1987 au mayor en compagnie d'un certain "Nené" (René?) à okónkolo et d'Isaac Calderón à itótele:

La photo qui suit, extraite du même ouvrage, montre ces fameux tambours d'Olókun:


Nous tenterons bientôt de "poster" un témoignage vidéo montrant Chachá. Matanzas vient de perdre peut-être la figure la plus emblêmatique de sa musique traditionnelle.
Ibae ibae ntonú Esteban Vega…


(Crédits Photo: Dario Jacopo Lagana)





Merci à elseba qui nous a signalé cette vidéo extraite du film "Roots of Rhythm". On voit brièvement Chachá jouer le quinto à la fin de l'extrait.

dimanche 29 juillet 2007

Mort de Mario Dreke "Chavalonga"

Chavalonga 25 avril 1925-2 juin 2007
(Crédit photo Lisa Maya Knauer)


(Article publié par Guarachón sur Esquina Rumbera,
traduit par Patricio, ré-actualisé le 31 juillet 2007 grâce à des informations venant de Congaplace.com)
Gregorio "El Goyo" Hernández nous a envoyé ce mail samedi dernier:
"Hoy a 4a.m falleció Mario Dreke Alfonso (Chavalonga)".
(aujourd'hui à 4 heures du matin est décédé Mario Dreke Alfonso "Chavalonga")
La plupart des amateurs de Rumba connaissent ce rumbero mayor à travers ses performances dans le cd "Rapsodia Rumbera", et tout particulièrement dans la rumba "Palo Quimbombó".
Il a également publié un cd sous son nom sur le label Envidia, affublé du nom de "El Rey de la Tahona" (En el Barrio de Ataré - A70 7089). On trouve ce cd sur le site de Ritmacuba (où Didier Ferrand donne à Chavalonga comme année de naissance 1923).
Il a également "parrainé" le groupe "Ventu Rumbero", dirigé par Román Díaz, devenu plus tard "Wemilere". Il a de plus dirigé le groupe "Awiri Yo" (interjection qu'il utilisait souvent dans ses inspiraciones). Il a été membre du Conjunto Folklórico Nacional, avec lequel il a chanté "A Malanga", la columbia qui figure notamment sur le cd "Afro-Cuba, a Musical Anthology" (Rouder Cd 1088").

Helio Orovio, dans son livre "Cuban Music A to Z," écrit:
"Dreke, Mario ("Chavalonga"): Auteur, chanteur, danseur, musicien. Né le 25 Avril 1925, à La Havane. Depuis les années 1940 Chavalonga est considéré comme les des plus remarquables protagonistes des rythmes afro-cubains et de la rumba. Parmi ses guaguancós les plus populaires figurent "Palo Quimbombó," "Los Barrios Unidos," "Muñequita," et "Oye Lo Que Te Voy a Decir." Il a été membre-fondateur du Conjunto Folklórico Nacional et est actuellement le directeur d'une compagnie portant son nom."


Il dit lui-même: "La rumba je l'ai apprise depuis que je suis gamin. Je suis né dans le quartier d'Atarés, rue Vigia, et chez moi venaient des grands noms de la rumba, parce que mon papa aimait cette musique. Tout particumièrement le soir de Noêl se réunissaient chez moi des rumberos qui venaient des partout, ils venaient là à ce qu'ils appelaient eux-même: le jugement. Je me rappelle de Roberto "El Cardenero", de Sagua, de Roncona, qui était une figure, toujours avec sa fleur à la boutonnière, de Carburo, le premier à avoir amené à la Havane le style de coiffure Mano Negra".

"J'ai été membre-fondateur de la comparsa Los Marqueses de Atarés, créée en 1940 par Victor Herrera, Candito Valladares et mon frère Quique (Enrique Dreke) "El Principe Bailarín", et par d'autres… cette année-là était "sortie" une autre comparsa, La Jabonera, sponsorisée par une marque de savon. Tous les musiciens de Los Marqueses étaient d'Atarés, comme le fameux quintero "Caballerón", comme Yayo, comme "Mosquito Rapaito", "El Hachero", Ricardo Reinoso, qui avait chanté avec El Paso Franco, sa femme Leopoldina Sandrino, Tío Tom, qui n'était pas du quartier mais qui était toujours fourré avec nous. On était tous fiers d'appartenir à Los Marqueses, et pour ça nous mettions beaucoup d'amour à confectionner les costumes, qui étaient des merveilles… rien que les chapeaux coûtaient 100 pesos! C'est là que j'ai fait mes premières compositions. Une chanson qui disait:
"Cuando salen los Marqueses
Qué alegría se ve en el Prado
Hoy te canto a tí
Y te diré por qué
Porque hubo el tríunfo
Del barrio de Atarés
Quítate de la acera
Y déjame pasar
Ahí vienen los Marqueses
Y yo los quiero ver
A la acera, a la acera…"
Et une autre qui disait:
"Marqués, sigue tu paso
Siempre adelante con sinceridad
Y no te ocupes
Del que venga atrás…"


Pour Chavalonga, la rumba est liée d'une certaine manière aux religions afro-cubaines:
"J'ai connu aux meilleurs spécialistes comme "El Conde Bayona", Julián, "El Guerrero" qui était de Sagua la Grande, à Dinde, à d'autres, et tous avaient leur façon de chanter pour leur prenda (congo), qui pouvait être une prenda de Palo (Monte) - il y en avait un dont la prenda venait de Jamaïque - et par conséquent quand ils dansaient ils entraient en transe. Je pense que la rumba a effectivement à voir avec les choses de religion, et en particulier avec le Santo (yoruba).
Par exemple, il y a cette anecdote avec Andrea Baró, qui à eu lieu à Matanzas: un capitaine (de police?) (sur-)nommé Hiro-Hito ne voulait pas qu'on joue de tambour. Le jour où Andrea Baró célèbra son anniversaire de Saint, et voulut défier le militaire, qui se présenta à la fête et qui lui dit: "Qui t'a donné la permission de faire cette fête?" et Andrea répondit: "c'est Oggún". Tous les musiciens se mirent alors à chanter un chant qui disait:
"Oggún baja, no te dejes coger
Oggún baja, no te dejes coger…"
et soudain un des soldats qui accompagnaient le capitaine enleva ses guêtres et se mit à danser avec une machete pour Oggún. Hiro-Hito vit que plus personne ne le regardait, que les gens l'ignoraient, et il dût repartir d'où il était venu. Et ainsi grandît le prestige d'Andrea Baró".

María del Carmén Mestas, auteur cubain ayant écrit bien plus que n'importe qui d'autre à propos des biographies de grands rumberos,
a publié ici un article sur lui, adapté de son indispensable ouvrage "Pasión de Rumbero.".
Traduction de cet article ci-dessous:

"Mémoires d'un Rumbero" - María del Carmén Mestas (augmenté d'autres sources le 31-7-07)

Si vous marchez dans La Havane en direction du barrio d'Atarés, vous rencontrerez sans doute Chavalonga, une encyclopédie vivante de la rue sur la rumba. "Chava", comme l'appellent ses amis, a vu bien des lunes passer dans son coeur de vieil homme, mais dès qu'on entend sonner un tambour, il est le premier à danser.
La nuit était constellée de milliers d'étoiles, le parfum du citronnier concurrençait celui du jasmin. Maigre, le regard brillant, le tout jeune Mario Dreke est entré dans le cercle de la danse. Les tambours battaient leur appel ancestral pour que Chavalonga délivre une savante choréographie, sur un célèbre guaguancó. Il n'avait pas terminé que déjà beaucoup applaudissaient et s'enthousiasmaient: "Ave maría, oui!, il est phénoménal!" disait Andrea Baró, estomaquée. "Mon garçon, tu seras un très grand rumbero", surenchérissait "Carburo".
"Oui, là-bas à Jovellanos j'ai été consacré", disait fièrement Chavalonga, "et ensemble nous avons vécu de grands moments de joie et d'autres de peines, que nous cachions". Ce personnage mythique a développé le genre de la rumba à partir de ses plus profondes racines, et lui a donné une expression unique lui appartenant, en créant un style qui l'identifiait.

Lucumí, Chavalonga, José Fernández, 2001
(Crédit photo Patricio)


Il est certain que Chavalonga a savouré sa première rumba tout petit: "car dès que j'ai ouvert les yeux, j'ai entendu sonner le tambour, et si d'autres s'endormaient avec des berceuses, pour moi c'est ce son du tambour qui était plus doux que le miel".
"Ma famille est de Limonar, province de Matanzas, et la nuit de Noël tout le monde venait chez moi pour ce qu'on appellait "le jugement". On venait de tous les environs, de Jagüey, de Jovellanos. Je me suis abreuvé de tout ce que faisaient ces étoiles de la rumba: "Carburo", "Sagua", "El Dinde", Celestino Domech, "Jimagua" et les autres".
"C'était mon monde quand j'étais petit, et j'aimais cela parce que c'était une partie de ma vie, en quelque sorte… très dangereuse.
J'ai travaillé avec Chano Pozo, dans un cabaret qui s'appelait… quelque chose comme "Spotwind", et aussi dans les comparsas, c'était notre divertissement. Toute l'année on attendait qu'arrive le carnaval et on s'y préparait en répétant.
Avec Chano j'ai appris à jouer le tambour. Maintenant je chante et je danse en jouant sept tambours, et avec eux j'ai conquis beaucoup de provinces, j'ai joué jusque dans des coins où il n'y avait pas encore l'électricité! Chano avait un tempérament très fort, et nous faisions de ces fêtes dans les carnavals! Ensuite il a eu sa chance avec Amado Trinidad sur la radio Cadena Azul; Rita Montaner en a fait un dandy véritable, vêtu des plus beaux costumes et des bijoux les plus chers".

"Chano était un guarachero, toujours jovial, mais l'atmosphère de l'époque l'a dominé et il a pris le mauvais chemin… On a joué ensemble dans les cabarets: au Montmatre on a participé à un spectacle dans lequel figuraient également El Principe Bailarín (son frère), Rita Montaner qui était tout le temps avec Chano à cette époque, Silvestre Méndez et (Alberto) Zayas, celui de "la sopita en botella". Quique (El principe Bailarín) avait même une fois détrôné Chano dans un concours de danse dans un carnaval! Ils se sont mesurés et c'est mon frère qui a gagné ".
J'ai participé au film "Sucedió en La Habana", et je suis allé au Mexique, où j'ai joué avec l'actrice comique Vitola (Famie Kaufman), mais je suis tombé malade car les piments forts m'abîmaient la santé (je ne sais pas si c'était vraiment ça ou bien si c'était la nostalgie qui gagnait mon coeur). Je suis rentré à Cuba sur le bateau "Lucero del Alba".
Si quelqu'un est resté dans la mémoire de Chavalonga, c'est bien Beny Moré, avec qui il a travaillé au Molino Rojo et dans d'autres endroits de la capitale. "Beny est toujours dans mes pensées, un homme qui donnait tout. Son truc c'était chanter, jeter aux vents sa voix magnifique".
Créateur du rythme "la Tahona" (ou plutôt "rénovateur", car deux styles homonymes existaient avant Chavalonga, l'un dans le folklore d'Oriente, et l'autre étant considéré comme une ancienne forme de rumba disparue), compositeur inspiré de boleros et de guaguancó, Chavalonga apparaît également dans de nombreux films tels: La Última Cena," "Rapsodia Abakuá", le documentaire sur Tío Tom, "La Rumbera" et dans le documentaire qu'à réalisé une française sur sa vie: "La Historia del Negro Rumbero Mario Chavalonga".

Chava dit encore: "J'ai été dans les premiers à intégrer le Conjunto Folklórico Nacional, dans lequel ils m'ont appelé pour mes connaissances - à l'époque je connaissait surtout la rumba - mais là-bas j'ai entendu mon répertoire aux autres genres, et maintenant je chante yoruba, lucumí, arará, carabalí… tout ça je le domine. Avec le CFN j'ai presque parcouru le Monde entier; Finlande, France, Espagne, Brésil… en Algérie j'ai composé le morceau "Los Gorritos"; en Espagne pendant une corrida je me suis inspiré et j'ai dédié à Palomo Linares la chanson "El Mejor Torero", j'ai écrit aussi "la Rubia de Paris".

Voici maintenant un extrait d'un documentaire nommé "Para Bailar: La Habana", diffusé sur la télévision grecque:



Nous remercions encore une fois Román Díaz Anaya, qui nous a permis de partager avec vous un enregistrement inédit de "Cuando se Pierde un Amigo" enregistré, mais jamais publié, par le groupe Ventu Rumbero. María del Carmén Mestas raconte comment Chavalonga s'est inspiré d'un fait vécu pour composer cette rumba:

"On peut penser que je me suis dédié seulement à la fête, mais ce n'était pas ainsi: les injustices me faisaient mal, et c'est pour ce ça que je suis allé à Cayo Confite (Porto-Rico) pour combattre le despote Trujillo. J'étais capitaine d'un bateau qui transportait des armes. Ils m'ont capturé à Puerto Principe, Pendant ce voyage-là, j'ai vécu une expérience très difficile: la mort de Jesús Alfaro "Mejoral", au combat. L'émotion m'a inspiré pour écrire "Cuando se Pierde un Amigo".

Román Díaz lui aussi s'est inspiré du décès de Chavalonga pour lui dédier ce texte:

"La rumba está mortifera
Dijo El Curvo a Kike
Cuando lo vió llegar
Y El Chorí emocionado
El quinto a Pancho pidió

Callava con Malanga
Entonaban su Rumbón
Cuando se escuchó esta voz
Palo Quimbombó no sirve pa' candela

Chava abraza a Manuela
Yambú palo mariba
El Imperio celeste
(Román Díaz Anaya)

CUANDO SE PIERDE UN AMIGO
CHAVALONGA y EL VENTU RUMBERO


Pero cuánto te quiero
Cuánto te adoro
Mi amigo del alma
Nueva idea
Que Dios te bendiga

Yo quiero que mis cantares
Nacido del corazón (bis)
Los acepte como una prueba
De mi amor hacia ti
Y que nunca me olvides
A na na na...

Cuando se pierde un amigo
Qué tristeza, qué dolor
Se queda en el alma
Si hoy te canto a tí
Te diré porque
Yo tuve un amigo fiel,
"Mejoral", y lo perdi

Que me confiava sus penas
Y yo las mias
Era mi amigo

Por la señal de la Santa Cruz
De nuestros enemigos
Líbranos Señor, Amén, Jesús

Coro: Y era mi amigo, y yo lo llevaba

Enregistré par Ramón Alón, au studio de Danny Puga
Reparto Mañana, Guanabacoa, La Habana 1999

Personnel:
MARIO DREKE "CHAVALONGA"
GUILLERMO ESCOLÁSTICO "EL NEGRO" TRIANA
PEDRO CELESTINO "FARIÑAS"
ROMAN DIAZ ANAYA
LAZARO RIZO CUEVAS
MATEO "EL SUIZO" ZEHNDER
"EL MORO"
AVENIDA
JESÚS LORENZO PENALVER "CUSITO"
ORLANDO "EL BAILARIN"
JOSEITO FERNÁNDEZ HERNÁNDEZ
ANGEL VILA
TONITO MARTÍNEZ CÁMPOS

Téléchargez Chavalonga chantant "Cuando se pierde un amigo" ici.

Ibbae ibbae ntonú Mario Dreke Chavalonga

(Crédit photo María del Carmén Mestas)



Remercions maintenant Carole Marchand pour ces deux extraits vidéo supplémentaires de Chavalonga:





FILM DE LISA KNAUER: Palo Quimbombó

Dans ce nouveau document, Chavalonga chante "Palo Quimbombó",
la rumba qu'il a enregistré dans le cd "Rapsodia Rumbera", au Parque Tío Tom à Atarés, La Havane, le quartier où il vivait.
On le voit ensuite dans une rumba improvisée avec les petits enfants du quartier d'Atarés.
Voici maintenant le texte de la rumba "Palo Quimbombó":

¡Dió' mambe! - ¡Dió'! (bis)
¡Nsala malekun! - ¡Malekun nsala! (bis)
¡Yo engaño ko jura mi nganga kuna nchila!
¡Yo son bacheche arriba n’toto!
¡Yo son bacheche arriba n’ganga!

¿Qué te pasa a ti? (bis)
Que es como el quimbombó
Que resbala
Pero ponte en tu lugar
Luego ponte a analizar
Que palo quimbombó
No sirve pa' candela

A ma yo e, a ma yo e, arawe arawe (bis)
Palo quimbombó no sirve pa' candela

(merci encore à Guarachón et à Lisa Knauer)

dimanche 15 juillet 2007

Gene Golden's "Quinto Mayor": Compa' Galletano



Voici un magnifique guaguancó par le groupe de Gene Golden, "Quinto Mayor," enregistré à NYC en 2006.
On y voit évoluer:
Gene Golden, Román Díaz, Skip Burney ("le" quintero de Nueva York), Orlando "Puntilla" Ríos, Pedrito Martínez Cámpos, Frank Bell et Xiomara Rodriguez.

Ce guaguancó à la mode en 2002 à Cuba figurait également das le film "Calle 54".
En voici les paroles, dont une partie viennent d'un chant de Tumba Francesa:

Compay Galletano
Compositor: Desconocido
Cantan: Orlando “Puntilla” Ríos & “Pedrito” Campos Martínez

Ya Compa’ Galletano, ¿Como sin diente va a mole’? (bis)
Waí waí waí ila so (ter)
Kó kó wa mole’

Un pa’ kiti Mamá, un pa’ kiti Papá
Kó wa ne da ikó-o
Ma ilé o…

Estribillos:
Pero kó kó ka íña-a
Ma ni Lodó, ma ikokó ka íña

Wo le wo le mbó
O chi ka mbó, ka la mbó le Baba
Wo le wo le mbó

Virgilio Martí: Mas que Nada


Voici un document rare du grand Virgilio Martí, dans une version de "Más Que Nada" de Jorge Ben, figurant sur le célèbre album "Patato y Totico" (indispensable et récemment re-masterisé).
Le document date de 1979 en concert au Schomburg Center for Research in Black Culture. Le groupese nommait pour l'occasion "Afrocuban Fantasy" et comprenait:
Virgilio Martí: Vocals
Little Ray Romero: Tres-dos
Gene Golden: Tumbadora
Eloy Martí: Quinto
Xiomara Rodriguez: Danseuse
Eddie ?: Danseur

Dans le coro figuraientt:
Pedro Morejón
Carlos Sánchez
Russell Burroughs


Merci à Gene Golden de partager avec nous ce document.

samedi 14 juillet 2007

Muñequitos de Matanzas on BBC


Un lecteur britannique a récemment contacté Guarachón sur Esquina Rumbera, nous informant aimablement de la programmation sur la BBC (radio) d'une émission où figuraient Les Muñequitos:
"World Routes". La présentatrice, Lucy Duran, s'est rendue à Matanzas où elle a enregistré entre autres du danzón et de la rumba.
Elle a rendu visite aux Muñequitos, et a enregistré deux rumbas (Congo Yambumba et une columbia) et une interview de Diosdado Rámos et de Juan Jacomino.
Merci à Rob, de Brighton, pour nous avoir communiqué ces deux morceaux, dont cette columbia inédite:


Téléchargez l'interview, Congo Yambumba et la columbia en cliquant ici.

P.S.: Nous n'avons à l'heure actuelle aucune nouvelle de la santé préoccupante de Jesús Alfonso, dont on dit qu'il aurait perdu la voix - des bruits courent à propos d'un cancer de la gorge - toute nouvelle est la bienvenue dans les messages que vous pouvez laissez sur ce blog.

vendredi 13 juillet 2007

50e Anniversaire d'Afrocuba de Matanzas

Le 29 juin 1957 a été fondé le groupe Folklore Matancero, devenu depuis Afro-Cuba de Matanzas.
Pour fêter cet anniversaire, voici une vidéo mettant en scène le groupe avec Teresa Polledo, Saldiguera et Virulilla, dans une "batarumba" qui caractérise leur style:



PALO YAYA
(Francisco Dominguez)

Yo soy rumbera
Desde que estaba en el vientre de mi madre
Lo dijo un congo
Palo que nace pa’ violín
Desde que está en el monte suena

(décima:)
Desde niña soy cantora
Voy cantando por doquiera
Canto con Saldiguera
Y canto con él que sabe
Yo canto con Carlos Embales
Eminente en guaguancó
Y por eso yo les digo
Yo soy rumbera
Desde que estaba
En el vientre de mi madre

(Estribillo):
Palo que nace pa’ violín
Desde que está en el monte suena
A, a, a, yo soy Palo Yaya

Si ce n'est déjà fait, téléchargez 12 raretés d'Afrocuba déjà parues dans un précédent article en cliquant ici.

Autres vidéos d'Afrocuba sur leur site web.

jeudi 12 juillet 2007

Yoruba Andabó: Guajira Guantanamera

Yoruba Andabó à la TV cubaine, avec aux percussions Pancho Kinto, Román Díaz (ou El Chorí?) et Palito, dans une version de "Guantanamera", plus proche de la version de José Ramón Sánchez's "El Madrugador" que de la version classique de Joseíto Fernández:



Guantanamera
Auteurs: Joseíto Fernández et José Ramón Sánchez
Cd de référence: Yoruba Andabó, "Del Yoruba al Son"

Yoruba Andabó les canta y ustedes se lo pedirán
A Joseíto Fernández el rey de la melodía (bis)
Guantanamera, guajira guantanamera (bis)
Guantanamera, guajira guantanamera (bis)

Qué lindo es el suelo mío, bajo el azulado cielo (bis)
Que juntito al arroyuelo, murmura junto al bohío

Guantanamera, guajira guantanamera (bis)
Guantanamera, guajira guantanamera (bis)

Ilumina el vergelillo el sol con su claridad
Y rompe la soledad habitual de las praderas
Una tonada siquiera que es signo de libertad

Guantanamera, guajira guantanamera (bis)
Guantanamera, guajira guantanamera (bis)

A mi la canción me inspira por su romántico sello (bis)
Pero sé admirar lo bello de una tonada guajira
Mira de un bardo, de un bardo la lira
Como el sol en, como el sol en la mañana
Más la doctrina, la doctrina martiana
Con la mente se demuestra, cantando música nuestra
Que es más linda y es cubana

Guantanamera, guajira guantanamera (bis)
Guantanamera, guajira guantanamera (bis)

Solista: Lo cantaba Joseíto en La República entera

Estribillos:

Ya tienes mi guaguancó, guajira guantanamera
Guajira guantanamera
Eso te pasó por mala cabeza
¿Ahora qué, después que probaste qué?

lundi 21 mai 2007

Okilakua, Rumba de Toulouse

Groupe de Rumba organisé à Toulouse autour de Felipe "Cokí" Sarria Linares (ex-Clave y Guaguancó), avec Juanito Rámos Delgado (fils de Juan de Dios) et Onel Miranda Rámos. Retrouvez-les sur:
http://okilakua.free.fr/musiciens.htm

Cokí


Juanito


Onel



Rumberos de la Historia adresse au passage un salut tout particulier aux anciens membres de Batakín: Mounim Rabahi, Fabien David, Mustapha Guermat et Stéphanie.
Première vidéo: La China Linda, seconde vidéo: La Calabaza (columbia).


samedi 19 mai 2007

Les grands succès du monde de la rumba - chanson n°1 "El Vive Bien", Alberto Zayas 1956


Nous avons déjà évoqué dans l'interview de Gregorio "El Goyo" Hernández comment les premiers groupes de rumba se créèrent,
en 1945 pour le Conjunto de Clave y Guaguancó
(ou un peu auparavant, la date n'est pas certaine), et
en 1953 pour le Coro Folklórico Cubano,
qui se confond parfois avec le groupe "Lulú Yonkorí", co-dirigé par Albert Zayas et Giraldo Rodríguez.


La Panart, fondée en 1943 par Ramón Sabat fut la première firme de production de disques entièrement cubaine, et ses bureaux et les studios d'enregistrement se situaient au 410 de la rue San Miguel, entre les rues Campanario et Lealtad. Ses usines étaient situées en dehors de la ville. La Panart enregistrait, pressait et vendait ses propres disques. Elle était également distributrice à Cuba des labels Odeon, Musart Sonora et Capitol. Son premier succès d'envergure est le tout premier cha-cha-chá, "La Engañadora" par Enrique Jorrín et la Orquesta América. Ses stars sont Pérez Prado, Olga Guillot, et le grand Nat King Cole qui y enregistre un album en espagnol.


Bien que les "Long-Play" (33 tours) furent inventés autour de 1950, les 78 tours restaient encore le format le plus utilisé dans la décennie qui suit. D'après "El Goyo", c'est Andrés Castillo, chef de production de la Panart, qui décida d'enregistrer en 1956 le "Grupo Afrocubano" d'Alberto Zayas Govín "El Melodioso", dont le chanteur est Carlos Maza, surnommé "El Vive Bien". Les sessions qui suivirent constitueront les premiers disques de rumba jamais faits à Cuba.

(Giraldo Rodríguez)


Enregistrée à l'origine sur un 78 tours (n°1915) au tout début de l'année 1956, la chanson "El Vive Bien", composée par Alberto Zayas, devient le premier succès populaire de la rumba, et passa des "victrolas" à la radio, puis à la télévision. La face B du disque comportait la chanson "Congo Mulenze", composée par Mercedes Romay. Le nom complet du groupe porté sur les 78 tours est celui de "Grupo Afrocubano Lulú Yonkorí de Rodríguez-Zayas". Comme nous le précise "Don" Cristobal Ayala dans son "Antología Discográfica Cubana" dans le fichier "A" (comme "Afrocubano") à la page 22, sortiront sous ce nom en 1956, les uns à la suite des autres, six 78 tours:

-Panart P1915: El Vive Bien (face A) / Congo Mulenze (face B)
-Panart P1942: Tata Perico (face A) / Se Corrió la Cocinera (face B)
-Panart P1960: Una Rumba en la Bodega (face A) / El Yambú de los Barrios (face B)
-Panart P1979: La Chapalera (faca A) / Que me Critiquen (face B)
-Panart P2033: El Guaguancó de los Paises (face A) / El Edén de los Roncos (face B)
-Panart P2017: Ya no tengo Amigos (face A) / A mi no me Tocan Campana, no (face B)

En 1960 sortira finalement un "Long Play" (Panart PLP 2055) regroupant la plupart de ces chansons. Le titre de l'album, d'après Don Cristobal Ayala, est:
"Guaguancó Afro-cubano - El Vive Bien (Roberto Maza) con el Grupo Folklórico de Alberto Zayas".

(Pochette originale du vinyl Panart)


J'ai eu la chance, grâce à Olivier Marlangeon (que je ne remercierai jamais assez pour l'énorme quantité d'informations qu'il m'a amené dans les années 1990, alors que je n'étais qu'un novice), d'avoir entre les mains une version originale en vinyl de cet album, que j'avais enregistré à l'époque sur une cassette. L'ordre des morceaux était le suivant:
-El Vive Bien
-Que me Critiquen
-La China Linda
-El Yambú de los Barrios
-Ya no Tengo Amigos
-Tata Perico
-Se Corrió la Cocinera
-A mi no me Tocan Campana, no
-Era una Gran Señora
-Una Rumba en la Bodega
-La Chapalera
-Congo Mulenze


Ce disque a été ré-édité par la société Tumbao Classics (TCD 708) sous le titre "El Yambú de los Barrios", avec pas moins de six "bonus-tracks" chantés par Carlos Embale, qui ne chantait que dans deux chansons dans l'album original (Ya no Tengo Amigos et A mi no me Tocan Campana, no). Ces six nouveaux titres sont:

-Consuélate como Yo
-Ave María Morena
-¿Dónde Estabas Anoche?
-El Desengaño de Los Roncos
-A Malanga
-La Última Rumba

Les "credits" du CD nous donnent les noms des musiciens:

Roberto Maza "El Vive Bien" - voz solista
Alberto Zayas "El Melodioso" - director, coro, voz solista
Carlos Embale - voz solista
Giraldo Rodríguez - quinto
Gerardo Valdés - tumbadora
Nicolás Mauro - tumbadora
Adriano Rodríguez - coro
Bienvenido León - coro
Mercedes Romay - coro
Juanita Romay - coro

(Bienvenido León)


Adriano Rodríguez Bolaños est le frère de Giraldo Rodríguez. Tout comme Bienvenido León, il a fait carrière dans la musique populaire. Avec les soeurs Romay et ces deux chanteurs de musique populaire, ce "coro" n'a rien d'un choeur de rumba, encore moins de folklore, d'où sans doute son côté "lyrique" même s'il ressemble à certains "coros de guaguancó".

(Roberto Maza "El Vive Bien")


La voix-même de Roberto Maza est relativement différente de celles des rumberos de notre époque, pas tellement ni "timbrée", ni "détimbrée". Il sera tué dans une sordide bagarre en 1960, dans une salle de billards.

Un autre article, par Claudio Marucci, sur la chanson "El Vive Bien" est visible sur le site italien Salsa Social Club sur le site: salsasocialclub.com qui lui donne la date (erronnée) de 1955.

Une autre chronique sur ce disque est visible sur le site de Caribefolk sur le site: caribefolk.com.

La rumba, même à La Havane, est toujours restée un style confidentiel, avec très peu de "stars", qui n'a jamais (ou très rarement) permis aux musiciens de devenir riche, chose qui n'était possible que dans la musique populaire. De plus, à cette époque, il était de bon ton pour faire une carrière de musicien de ne pas être noir, et seuls les mulâtres et ceux qui avaient la peau claire pouvaient espérer être engagés dans les orchestres qui jouaient dans les cabarets. À moins d'avoir un talent exceptionnel se démarquant des autres musiciens, comme Chano Pozo, les noirs n'avaient pas accès aux lucratifs orchestres.
Les rumberos et les musiciens "folkloristes" jouant dans les rituels ont souvent été les mêmes. Se faire engager dans les revues "noires" de l'époque (dont le succès était grand dans les cabarets recevant une foule de clients américains fortunés et la haute société cubaine) était souvent une solution financière inespérée pour les joueurs de tambour, les danseurs et les chanteurs de folklore et de rumba.


Dans la "brêche" ouverte par le succès discographique du groupe d'Alberto Zayas essaieront de s'engouffrer de nombreux groupes, et les tentatives d'enregistrement de rumba et/ou de folklore furent nombreux à la fin des années 1950. Quelques-uns profiteront de cette vague temporaire de succès folkloriste, d'autres iront officier aux USA, engagés dans des revues se produisant là-bas.
Avec la Révolution, cette situation changera, malheureusement, et de nombreux groupes de rumba disparaîtront, car la nécessité pour survivre deviendra: être reconnu par l'état.

Le thème de ce premier succès commercial - si l'on peut dire - "El Vive Bien" est comique, et frivole. Ce thème est récurent dans la rumba, tout au moins dans le guaguancó, plus rarement dans le yambú et la columbia. Si on la prend au premier degré, la chanson est clairement machiste et la femme y est tournée en dérision. Dans l'album qui réunira en 1960 les chansons gravées en 78 tours par ce groupe, il y a cependant un autre guaguancó, "Se Corrió la Cocinera" qui inverse les rôles, comme nous le verrons plus loin.

Voici le texte de la chanson "El Vive Bien":

"¡ Ay-ay ! Sí en esta preciosa Habana, León
Donde yo la conocí
La enamoré una mañana
Y ella me dijo que sí
Yo le dije a ella así:
"Nosotros nos casaremos
Muy felices viviremos
En nuestro cuarto bendito
De un solo pan comeremos
Y con lo que tú trabajes
Yo podré comprarme un traje
Y los domingos saldremos"

Y cuando te pongas bella
Y vengas de la cocina
Y me traigas la cantina
Y la sopita en botella
Te diré que eres mi estrella
Y que yo mucho te quiero
Tu vendras con el dinero
De la primera mesada:
Tú conmigo estas casada, mi amor
Lo tuyo me pertenece
Ven aquí todos los meses
Sin tocar del guano nada
Y al fín de esta gran jornada
Diras que yo soy muy bueno
Muy felices viviremos…
¡Pero yo sin hacer nada!

So sa, so kere, Alaroye, so kere
So sa, so kere


En voici maintenant la traduction:

Oui, c'est dans notre belle Havane, Léon
C'est là que je l'ai rencontrée
Je l'ai rendue toute amoureuse
Et ensuite elle m'a dit oui
Moi, je lui ai dit, comme ça:
"Tous les deux nous nous marierons
Et puis très heureux nous vivrons
Dans notre appartement béni
Nous partagerons le même pain
Et avec l'argent que tu gagnes
Je pourrai m'acheter un costume
Et le dimanche on sortira…"

"Et quand tu te feras belle
Et que tu viendras de la cuisine
Tu m'apporteras mon manger
Sur un plateau, ma chérie
Je te dirai que tu es ma star
Et combien chérie je t'aime
Tu viendra avec tout l'argent
De ton premier salaire:
C'est avec moi que tu es mariée, mon amour
Et ce qui est à toi est à moi
Tu viendras me voir chaque fin de mois
Mais sans voir la couleur du fric
Et à la fin de ce grand voyage
Tu me diras combien je suis bon
Et toujours heureux nous vivrons…
Mais sans que je ne fiche jamais rien!

So sa, so kere, Alaroye, so kere
So sa, so kere


Le comique de la chanson n'apparaît qu'à la fin du premier couplet, dans la partie conclusive de la décima, quand Roberto Maza annonce "qu'avec l'argent qu'elle gagne, il s'achètera un costume".
Le second couplet est délibérément et ouvertement machiste, limitant le rôle de la femme à gagner l'argent du ménage et à faire la cuisine pour l'homme.

L'expression de "El Vive Bien" est assez difficile à traduire. À Cuba on appelle "un vive bien" un homme qui ne travaille pas, et qui vit aux crochets de la société, ou - et c'est le cas dans notre chanson - d'une femme qui, elle, travaille. Il n'est pas pour autant "un maquereau" puisque tout se fait dans la légalité, la femme étant simplement assez stupide et amoureuse pour supporter cette situation.

Un article du numéro du 15 septembre 1957 de l'hebdomadaire cubain "Carteles" nous décrit un personnage surnommé "Vive Bien", dont le nom exact est Miguel Rodríguez Beincomo, qui n'a rien à voir avec Carlos Maza, mais qui permet de se faire une idée assez juste de ce qu'on pouvait appeler à cette époque "un vive bien".


Ce Miguel Beincomo est un original qui fut un temps boxeur, portant le costume et la plume au chapeau, et qui apparaissait à l'époque à la télévision comme un personnage pittoresque. Il est assez curieux qu'il ait réussi ainsi à récupérer le nom de "Vive Bien" attribué également à Carlos Maza, ce qui tend à prouver que le mot était courant à l'époque, et pas seulement dans la chanson en question, qui au moment de la parution de l'article devait être au sommet de son succès.

Nous verrons dans d'autres articles que le thème du machisme est un thème courant dans la rumba, tout simplement parce qu'il est quasiment de mise dans la société cubaine, et encore plus de celle des années 1950.

Le personnage du "guapo".

Dans la langue espagnole, "guapo" (souvent péjoratif à Cuba) signifie à la fois "beau", "bagarreur", "godelureau", "joli garçon", "crâneur", "fanfaron". Le mot français d'origine arabe "caïd", ou plutôt le sens qu'on lui donne en français, correspondrait assez bien à ce "guapo" cubain. Un "dicho" (dicton) cubain nous dit:
"Los guapos no toman sopa, y si la toman, la toman en vaso"
(les caïds ne boivent pas de soupe, et s'ils en boivent, c'est au verre".

Ce dicton nous amène à la seconde expression difficilement traductible de notre chanson: celle de "la sopita en botella". L'article de Claudio Marucci fait, avec raison, référence à la chanson de Celia Cruz du même nom, (dont Haila Monpié a repris une version), et qui, comme si elle répondait au "vive bien" de notre rumba, dit:

"Oye, mi socio: no esperes que yo te lleve esa sopita en botella
Ni que te compre ese fardo, ni que te dé la mesada (…)
No esperes, mi socio, una sopita en botella
Tu sí estas turulato, ya tu no sirves ni un rato, vive bien (…)
Tienes los cables cambia'os y tu cerebro tosta'o, vive bien (…)
No sirve pa' na', vive bien, vive bien, no te doy na' (…)
Ya no te doy la mesada, ya tu no sirve pa' nada, vive bien"

(traduction:)
"Écoute, mon pote: n'espère pas que je te serve tout sur un plateau
Ni que je paye ce tas de fringues, ni que je te refiles mon salaire
N'attends pas de moi, coco, tout sur un plateau
Tu fais l'étonné, mais tu ne sers jamais à rien, vive bien
Tu as les cables branchés à l'envers et le cerveau carbonisé
Tu es complètement inutile, vive bien, tu n'obtiendras rien de moi
Non, tu n'auras pas mon argent, tu es inutile, vive bien"


Cette expression de "sopita en botella", qui date au moins des années 1950 ne semble plus être d'actualité à Cuba. Elle est d'autant plus difficilement traductible. Dans la traduction que nous proposons de la chanson, nous avons employé l'expression "sur un plateau". Nous aurions pu également tenter d'utiliser "c'est du tout-cuit" ou "servi comme un prince" ou encore "aux petits oignons". Si les "guapos" ne boivent la soupe que "dans un verre", leur servir la "sopita" dans une bouteille est peut-être leur témoigner encore plus d'attention.

En tout cas, ne prenons pas cette chanson au premier degré, et n'allons pas faire de l'anti-machisme de base, car c'est bien le
"vive bien" en question ne peut être pris au sérieux. C'est bien lui qui est ridicule dans la chanson, et pas la femme.
De plus, si l'on prend l'album "Long-Play" d'Alberto Zayas tel qu'il est sorti ensuite, dans sa version vinyle, la chanson:
"Se Corrió la Cocinera"
constitue la suite et la fin de l'histoire de "El Vive Bien". En voici le texte:

"Oye, Vive Bien, tu bailas guaguancó (bis)

¡Ay! qué mala suerte tuve yo
Con aquella cocinera
Se volvió una parrandera
Y con otro se corrió
Solo lo que siento yo
Que conmigo fue muy buena
Siempre me buscó la cena
Y hasta un traje me compró

Y este otro que encontró
Y que hablaba con moneda
Le hizo un cuento a su manera
Y del cuarto la sacó
A la playa la invitó
Le compró reloj pulsera
Cojieron su borrachera
Y la negra no volvió
Y llego a la conclusión
Que no hay mujer sin dinero
Porque eso es lo primero
Que en la vida hay que tener
Para poder sostener
La mujer que yo más quiero

Se corrió la cocinera
Mala suerte tuve yo
Oye, Vive Bien, tu bailas guaguancó
La jeba que yo más quiero
Con otro se me corrió, Nena
Oye, Vive Bien, tu bailas guaguancó"

En voici la traduction:

"Eh, Vive Bien, tu danses la guaguancó? (bis)

Oh, quelle sacrée malchance j'ai eue
Avec cette maudite cuisinière
Qui s'est changée en fêtarde
Et qui s'est enfuie avec un autre
Moi, le sentiment que j'ai
C'est qu'elle était bonne avec moi
Toujours elle me faisait à manger
Elle m'a même acheté un costume

Et celui-là qu'elle a rencontré
Qui lui parlait toujours d'argent
Et qui l'a sortie de la maison
Pour l'inviter à la plage
Il lui a offert une montre
Ils ont picolé tous les deux
Et puis elle n'est pas rentrée
Et j'en viens à ma conclusion
Qu'il n'y a pas de femme sans argent
Parce que c'est le plus important
Qu'il faut avoir dans la vie
Pour pouvoir entretenir
La femme qu'on aime le plus

La cuisinière s'est enfuie
Quelle sacrée malchance j'ai eue
Eh, Vive Bien, tu danses la guaguancó?
La femme que j'aime le plus
S'est enfuie avec un autre, poupée
Eh, Vive Bien, tu danses la guaguancó?"


Ici notre "vive bien" n'obtient que la monnaie de sa pièce, et la femme qui n'était bonne qu'à lui procurer de l'argent et à lui faire la cuisine s'est logiquement lassée de cette situation, et est partie avec le premier venu qui avait un peu d'argent, et qui, surtout, la traitait mieux, lui offrant cadeaux et sorties. Pourtant, le vive bien s'est déjà remis à danser, et c'est à une autre "poupée" qu'il se plaint de cette "injustice", par qui il espère rien remplacer la précédente.

Les sujets traités dans ces deux rumbas sont des scènes de la vie courante, c'est la légèreté avec laquelle elles en parlent qui en font des sujets comiques, et sont, sans nul doute, à l'origine de leur succès.

lundi 16 avril 2007

Barbarito Rámos: Columbia et Jiribilla

"Postés" récemment par un aficionado tchèque de la rumba dont le pseudo est "abakuá77" (sic), voici deux magnifiques extraits vidéos filmés dans le local de répétition des Muñequitos de Matanzas, mettant en scène Barbarito Rámos dansant la columbia, sur un disque, et la Jiribilla, forme ancienne de rumba dont on dit qu'elle était "plus rapide que la columbia".


lundi 26 mars 2007

Yamil Castillo: "En Italia Guaguancó"

Fils de José Castillo Herrera, membre-fondateur du Conjunto Folklórico Nacional, Yamil Castillo Otero est un remarquable percussionniste vivant à Milan (Il existe à l'heure actuelle en Italie un grand nombre de musiciens et danseurs de foklore cubain). Yamil fait également partie des folkloristes les plus actifs sur MySpace et Youtube, "postant" de nombreuses vidéos.

lundi 19 mars 2007

José Fernández et Wemilere


Une nouvelle page consacrée à José Fernández "Joseíto" (qui sera en France jusqu'au 10 juin) est disponible à l'adresse suivante:
joseitofernandez.blogspot.com
Joseíto est l'actuel directeur du groupe Wemilere à Cuba, depuis le départ de Román Díaz et de "Pedrito" Martínez Cámpos.


Né le 26 juin 1963 à La Havane, Cuba.
Joueur de tambours Batá et de bien d'autres tambours traditionnels de l'île de Cuba, âgé de 43 ans, Joseíto est le fils de "Pito el Gago" Fernández, musicien havanais légendaire des années 1970.
José a joué avec de nombreux grands musiciens cubains dont:
- Tata Güines
- « Papo » Angarica
- « Pancho Quinto » Mora
- Mario Dreke « Chavalonga »
- Lázaro Rizo Cuevas
- Guillermo Escolástico “El Negro” Triana
- Ernesto Gatel Cotó « El Gato »
- Elio Revé
- Grupo Yoruba Andabó
- Merceditas Valdés
- les Musiciens du Habana Ensemble

vendredi 16 mars 2007

Grupo Güemilere Habana Vieja

Voici trois nouveaux extraits postés par "rqshquesada" mettant en scène un groupe de style matancero nommé Güemilere, qui est différent du groupe "Wemilere" de Román Díaz et José Fernández.
Le quintero est Victorio Torriente. Ces documents ont été filmé en juin 2000 à La Habana Vieja.



lundi 12 mars 2007

Ramón "Sandy" García Pérez

Ex-membre-vedette d'Afro-Cuba de Matanzas, "Sandy" García vit maintenant en Californie. Cette vidéo "postée" par "ecopontiff" met en scène un extrait d'un concert à La Peña, Oakland, Californie. Le chanteur est Aleixy Zayas Ros, fils de Cándito Zayas et frère d'El Corto Zayas. Ce chanteur est connu à Cuba comme un excellent akpwón, ayant officié entre autres dans le tambour d'Alberto Villarreal Peñalver.

mardi 6 mars 2007

Rumba de Coco Solo par Wuakeen

Plusieurs vidéos postées par Wuakeen sur ces gens de Coco Solo à Marianao, La Havane, mettant en scène toujours les mêmes musiciens:




jeudi 1 mars 2007

Pedro Celestino Fariñas

"Postées" par "rqshquesada" sur YouTube, ces trois vidéos mettent en scène, dans le callejón "La Cueva del Humo', Pedro Celestino "Farinãs" au chant, Jesús "Cusito" Lorenzo au tumbador (en rouge), également grand chanteur (Abbilona, Rumberos de Cuba), un de deux célèbres "jimaguas" de Jesús Mariá au tres-dos (en bleu), et "Freddy", tumbador de Yoruba Andabó, au quinto.



Dans ce second extrait, la chanteuse est la créatrice de la rumba
"En el Solar La Cueva del Humo". La chanson qu'elle chante ici est dédiée par elle à Felipe Alfonso, dont le portrait est accroché au mur.


Dans le troisième extrait, Fariñãs chante (comme toujours)
"La Plegaria". "Cusito" est cette-fois-ci au quinto.

samedi 17 février 2007

Yambú en Santiago de Cuba

Curieux yambú à base de rezos et de chants pour Babalú Ayé, posté de Finlande par "DjembéFi" sur YouTube. Magnifiques photos de rumberos sur le site http://www.djembe.fi

lundi 12 février 2007

Afro-Cuba de Matanzas à Porto Rico

"Postés" sur YouTube par "jhpromo" de Ponce, Porto Rico, voici cinq magnifiques extraits d'un concert d'Afro-Cuba de Matanzas à la UPR à Río Piedras, Porto Rico.


Le premier extrait débute par le toque de bata "Lalú gba nche" à Eleguá (comme il sied), vient ensuite un "tratao" à Eleguá sur les toques "Latopa", "Ñongo", "Chachalokuafun", puis un tratao à Ochún.


Le second extrait est un yambú, "Mañana te Espero Ninã"
(du répertoire des Muñequitos).


Le troisième extrait est un guaguancó, "Las Leyendas" de Grecia", figurant dans le Cancionero Rumbero de Barry Cox.


Le quatrième est une columbia.


Le cinquième est une "batarumba" très rapide, dont Afro-cuba s'est fait une spécialité.

mardi 16 janvier 2007

Los Papines (TV Cubaine)

Voici un court extrait vidéo d'un émission de TV cubaine mettant en scène Los Papines. Je me rappelle avoir vu cette émission en janvier 2003 à la télévision cubaine dans les programmes musicaux du samedi et du dimanche matin. Posté par "ancasinan" sur YouTube.

samedi 6 janvier 2007

Conjunto Folklórico Nacional: Columbia (2)


(Posté par Guarachón)
Cela faisait un petit moment que nous n'avions pas eu de nouvelles d'El Goyo, aussi Guarachón at-til décidé de publier une nouvelle columbia du Conjunto Folklórico Nacional.
Cette magnifique vidéo met en scène aux percussions Alfredo O'Farril (tumbadora), Mário Jáuregui "Aspirina" (quinto), et Justo Pelladito (tres-dos).
Les 4 danseurs sont (par ordre d'apparition):
Jorge Dixon, Ricardo Jáuregui "Aspirina", Yohanes García et Domingo Pau. Le musicologue Rogelio Martínez Furé présente la musique, et apparaît fréquemment. El Goyo nous a une fois de plus apporté son aide pour les textes, et nous l'en remercions encore une fois.

Les textes:

Gallo: Bomboró-o, na-na
Bomboró-ro-ro, ro, a...
La rumba no es como ayer, Tula
E, Mulenze a e
A wá ma o ma gba ko sere ndio
Coro: Layé, Layé
Gallo: ¡Ay Dio-o-o'!
Alapi okán, Alapi okán (bis)
Layé Layé oro mi so...
Coro: Layé, layé
Gallo: ¡Ay Dio'!...Ya yo no como la lisa porque es un peje liviano
(bis)
Camina de mano en mano y a todos les causa risa
Ronco, ay Dios...
Yo no como longaniza, porque me sabe a majá
Y yo no como carne asa', por no arrimarme al fogón
Yo no como camarón, Ronco, porque camina pa' trá'-a-a
Orororó..., a...
Coro: Ronco, Alakata, Ronco Onilé yo
Coro#2: A, Onilé yo
Coro#3: A wá mbe ró, a wá mbe ró (bis)
Se quema Yamima, a wá mbe ró
Gallo: Se quema Yamima...
Coro: A wá mbe ró
Coro: Oba ere
Gallo: Arere, Arere o
Coro: E, aribo ya ya

* * *

À propos des textes, El Goyo nous dit:
"À propos de Yamima: un jour qu'il y avait une rumba dans un solar à Cienfuegos, parmi les rumberosil y avait Roncona [Benito Gonzáles, (189? - 1950)]. Une femme du solar s'est mise à brûler et quelqu'un a crié: "¡Se quema Yamima!", et Roncona a chanté: "A wá mbe ró, a wá mbe ró, se quema Yamima a wá mbe ró". Il existe une autre version: "A wá epero, a wá epero, se quema Yamima a wá epero.""

De Guarachón: "J'adore cette histoire, bien que je ne sache pas si la Yamima en question était littéralement en train de brûler, ou au sens figuré, en tout cas, on n'a pas pour autant arrêté la rumba".
Quoi qu'il en soit, voici la traduction de la partie espagnole des textes:

Je ne mange pas de mulet, parce que c'est un petit poisson
Il passe de mains en mains, et tout le monde se moque de lui
Je ne mange pas de saucisse de foie, parce que ça a goût de serpent
Je ne mange pas de viande grillée, et ne m'approche pas du foyer
Je ne mange pas de crevette, parce qu'elle marche en reculant"

Vous pouvez télécharger une version de qualité de cette vidéo en cliquant ici.

vendredi 5 janvier 2007

Clave y Guaguancó 60e anniversaire


À l'occasion de la sortie du dernier cd du groupe "Conjunto de Clave y Guaguancó" considéré en France par la plupart des musiciens comme un groupe au style résolument "moderne", nous allons tenter de rappeler qu'il a été pendant les deux tiers de son existence le groupe le plus traditionnaliste et conservateur de toute l'histoire de la rumba cubaine.
Premier orchestre de rumba jamais constitué (dans le but de réaliser des spectacles et non de la rumba spontanée ou "de quartier"), le "Conjunto de Clave y Guaguancó" fête actuellement son 60e anniversaire, bien que, curieusement, personne ne sache exactement quand il ait été fondé. Comme nous l'a rapporté Gregorio "El Goyo" Hernández: dans une interview qu'Amado De Jesús Dedeu García (actuel directeur du groupe) a fait d'Agustín Pina "Flor de Amor" (premier directeur du groupe), ce dernier se rappelle uniquement que la fondation de Clave y Guaguancó a eu lieu "pendant la seconde guerre mondiale". On suppose donc - par défaut - qu'il s'agit de 1945, l'année-même de la naissance d'Amado Dedeu!

(Amado Dedeu)


La discographie du Conjunto de Clave y Guaguancó se compose de:
-un 1er album sorti en 1994 (après 50 ans d'existence!), "Songs & Dances" ou "Cantaremos y Bailaremos" (XENOPHILE GLCD 4023)
-un 2e album sorti en 1997, "Déjala en la Puntica" (ENJA TIP-8888292)
-un 3e album sorti en 1998 avec Celeste Mendoza et Changuito, "Noche de la Rumba"
-un album-compilation des trois premiers appelé "56 Años de Rumba"
-une participation aux projets "La Rumba del Siglo" (1 morceau) et "La Rumba Soy Yo - vol.1" (1 morceau) au moment du passage à l'an 2000.
-une participation au double-album "Cuando los Espíritus Bailan Mambo", pour 4 morceaux, en 2003
-ce nouvel album intitulé "La Rumba que no Termina", dans lequel interviennent de nombreux invités dont: El Ambia, Issac Delgado, Ángel Bonne, le trompettiste "Julito" Padrón, El Negro Triana et Lázaro Rizo.

(Cliquer sur la photo pour l'agrandir)


Le livret du cd nous apprend que Conjunto de Clave y Guaguancó:
"fut fondé fin 1945, avec pour but de réhabiliter le style de rumba de l'époque coloniale (avant 1900), période pendant laquelle les autorités espagnoles interdirent l'usage du tambour dans toutes les célébrations que faisaient les esclaves noirs". Cette affimation d'interdiction du tambour doit être très nuancée, car la situation au XIXe siècle n'a pas été aussi catégoriquement répressive, loin de là…
"L'idée a surgi parmi un groupe d'amis, dans sa majorité musiciens, un 2 novembre ("jour des défunts"), dans le cimetière Colón de la Havane. Parmi ses fondateurs, on peut rappeler:

-Agustín Pina Sánchez "Flor de Amor", chanteur du Sexteto Lugareño du quartier de Luyanó, et d'un coro de clave du même nom (coro de clave lugareño?).

-Agustín Guttiérrez "El Bongosero", magnifique joueur de bongó qui a intégré de célèbres groupes tels le "Sexteto Habanero" et le "Septeto Nacional".

-Gonzálo Villa, (Gonzálo Díaz?) frère du célèbre pianiste Ignacio Villa "Bola de Nieve" et percusionniste du coro de clave "Alba" du quartier de Regla.

-Mario Alán, chanteur dans divers groupes, qui a assumé plus tard la charge de directeur du Conjunto de Clave y Guaguancó.
"
En effet, au premier directeur du groupe, "Flor de Amor", a succédé Mario Alán, dans les années 1950.
Ajoutons un musicien manquant, le joueur de "cajita china" Gustavo Martínez "Cuchara", ci-dessous:


Manque encore le célèbre Miguel Ángel Mesa "Aspirina" qui a figuré dans le groupe au moins au milieu des années 1960, que l'on verra plus loin, dans la vidéo de 1967, et sur ce que nous appelons "la photo-mystère" de Clave y Guaguancó (voir plus bas).
Le groupe a ensuite cessé son activité, semble-t-il à la fin des années 1950 (décidément la période "noire" de la rumba) puis a été remonté, à l'initiative du musicologue Argeliers León, en 1959, et passa dans les années 1970 sous la direction de Miguel Chapottín Beltrán (actuel chanteur de Grupo Yoruba Andabó, ci dessous:).


Voici une vidéo de cette dernière époque, déjà "postée" dans un autre article:



La direction du groupe est ensuite passée dans les mains d'Amado De Jesús Dedeu, et c'est ce dernier qui en a changé la ligne directrice, dans les années où le guarapachangueo a "explosé", pour en faire un groupe "avant-gardiste".

À propos du style conservateur de l'orchestre, le livret du cd nous dit encore que:
"Depuis ses origines jusqu'au milieu des années 1980, le groupe a maintenu son format original:
-Cajón Tumbador, semblable aux caisses de morue que l'on importait de Norvège,
-Cajón Repicador (cajón-quinto), semblable aux caisses dans lesquelles on importait les bougies, et
-Caja où l'on jouait les cuillers, semblable aux caisses contenant habituellement les clous et les vis.
"
Le nom-même du groupe est en relation avec la tradition puisqu'il la résume:
Coro de clave + coro de guaguancó = Conjunto de clave y guaguancó.
Le costume qu'à longtemps porté l'orchestre est celui des rumberos "de tiempo España": espadrilles à lacets, chemises à carreaux, foulards sur les épaules, canotiers.

Le style actuel du groupe "Conjunto de Clave y Guaguancó" n'a pas grand-chose à voir avec la musique que défendait le groupe avant les années 1980.
Le livret du dernier cd nous dit encore que:
"… il a été nécessaire d'augmenter la nomenclature des modalités du complejo de la rumba avec des noms comme Guan-batá (guaguancó-batá?), Batagualumbia (batá-guaguancó-columbia?), Guan-polirritmo (guaguancó-polyrythmie?), etc…"
Le premier morceau du disque commence d'emblée avec une basse électrique et la trompette, ce qui peut paraître exaspérant si on l'interprète comme une tentative commerciale - heureusement, ce n'est qu'une introduction de 2mns.
Dès le second intervient Issac Delgado, et ressurgit l'hypothèse commerciale.

(Tatá & Patricio)


Au troisième morceau la rumba reprend ses droits, avec le magnifique chanteur "Tatá" (Pedro Francisco Almeida Berriel), racontant l'histoire du groupe. Les choeurs sont un peu "sur-produits" comme dans beaucoup de disques modernes, dans lesquels on cherche à innover à tout prix avec des arrangements de voix surchargés.
Encore une fois, il s'agit d'innovations, et il est normal qu'une musique se transforme au fil des décennies, tout comme il est normal que les réactions à ces changements soient mitigées, et qu'on soit déçu - au moins au début - de certains nouveaux apports quand ils tranchent avec une esthétique que l'on apprécie.
Le fidèle Mario "Maño" Rodríguez, originaire de Matanzas, percussionniste et chanteur, neveu de Lázaro Pedroso, figure toujours dans le groupe, malgré les changements de musiciens incessants depuis qu'Amado Dedeu a repris le groupe.
Outre Amado lui-même et son fils Amadito, un autre chanteur apparaît également dans le disque: Lién Díaz.
Le huitième morceau, "Iyá Modupue" est une vraie columbia, chantée par Amado.
Dans le morceau n°9, "Respuesta a María" le rap fait une intrusion. Le style est défini comme "catumba-rap" (sic).
Le morceau n°12, "Amigas" est qualifié de "Jazz-batá", tant il est vrai qu'il n'a plus grand-chose à voir avec de la rumba.
Le dernier morceau (n°14) clos l'album comme une descarga-conga finale qualifiée de "guaguancó-timba".

(Clave y Guaguancó en 2001.
En blanc au centre: "Kokí" Sarria Linares,
au chant Arturo Martínez, à droite "Maño" Rodríguez)


Pour résumer, disons que Clave y Guaguancó a connu deux périodes résolument opposées:
-l'une, qui a duré quarante ans, "figée", défendant une tradition, pendant laquelle on a connu trois directeurs, et on a très peu changé de musiciens, où le groupe servait de "conservatoire du style ancien". Pendant cette période on n'a réalisé aucun enregistrement - sauf peut-être un dont El Goyo nous a parlé - et le groupe apparaît dans quelques documents filmés.
-l'autre, qui dure depuis vingt ans, pendant laquelle on a connu un seul directeur, mais énormément changé de musiciens, les plus fidèles étant "Maño Rodríguez", "Tatá" Berriel et le propore fils d'Amado. Le style de l'orchestre n'a jamais été fixe, partant dans de multiples directions. Cette période a vu la réalisation de quatre albums et la participation du groupe à beaucoup d'autres enregistrements avec de nombreux artistes.

LA PHOTO-MYSTÈRE DE CLAVE Y GUAGUANCÓ:


Tout au long des années 1990, j'ai vu cette magnifque photo circuler sur diverses publicités ou tracts pour des concerts, à Paris ou ailleurs, sans jamais comprendre de qui il s'agissait. C'est en voyant l'extrait de la vidéo postée par Barry Cox que j'ai enfin compris. La vidéo est datée de 1967.



Quand à la photo, c'est María Eugenia Haya Jiménez "Marucha" qui l'a réalisée dans une série de clichés, à la fin des années 1960 - supposons-nous d'après la vidéo. Nous l'avons extraite du livre "La Havane - 75 ans de photographie cubaine" par Gareth Jenkins (qui crédite la photo en 1983!, sans savoir visiblement de qui il s'agit, puisque son commentaire parle de… Buena Vista Social Club!). TOUTES les photos du groupe dans lesquelles ils portent des canotiers figurant dans cet article ont été réalisées par "Marucha".


La photo de "Flor de Amor" ci-dessus, et celle plus haut de Gonzálo Villa (ou Díaz?) sont extraites d'un ouvrage cubain en français dont le titre est "La Diane Havanaise ou La Rumba S'appelle Chano", recueil de photos de "Mayito" et "Marucha", qui contient essentiellement des photos d'un petit concert de Son, et quelques photos de Clave y Guaguancó.

Les autres photos (que Barry a déniché) sont probablement extraites d'une revue cubaine, probablement "Bohemia" ou "Cartéles" (dont nous parlerons dans un prochain article). El Goyo nous a aidé - grâce à internet - en nommant tous les protagonistes de la photo, et nous l'en remercions (une fois de plus) ici. (Le montage des noms sur la photo a été réalisé par Barry, cliquer dessus pour l'agrandir).