
FEDERICO ARÍSTIDES SOTO ALEJO, plus connu sous le nom de
TATA GÜINES, est décédé le 4 février 2008, à l'âge de 77 ans.
Il était né le 30 juin 1930.
Tata a été à Cuba une figure historique de la musique populaire, un des pionnier du Latin Jazz, ainsi qu'un Rumbero Mayor.
D'après l'édition de 1981 du "Diccionario de la Música Cubana" de Helio Orovio, "il a commencé en jouant le bongó à l'âge de douze ans dans le conjunto Ases del Ritmo de la petite ville de Güines (différent du Conjunto "Los Ases del Ritmo" de Pinar del Río, charanga fondée en 1937). À 18 ans il émigre à La Havane, où pendant quatre ans il vit de différents petits jobs sans pouvoir entrer dans aucune formation musicale. Il vivait alors dans le quartier marginal et sordide de Las Yaguas, véritable bidonville de barrques de bois qui sera rasé plus tard par le gouvernement Révolutionnaire. Sporadiquement, il obtient l'opportunité de faire quelques remplacements dans un orchestre. En 1952 il entre dans la charanga Fajardo y sus Estrellas, avec laquelle il tourne au Venezuela en 1956. Il enregistre ensuite avec le grand orchestre de Chico O'Farrill. En 1957, il part travailler à New York, où il reste deux ans en travaillant notamment au Waldorf Astoria. En 1959 il rentre à Cuba et entre dans l'orchestre du cabaret Caribe, de l'hôtel Habana Libre, en tant que soliste. Il se joint également au groupe de jazz de Franck Emilio Flynn, où il perpétue la lignée de Chano Pozo. Il forme ensuite son propre groupe de percussions."
Guillermo Barretto / timbales, Franck Emilio / piano,
Gustavo Tamayo / güiro, Tata / tumbadora, et
Orlando "Papito" Hernández / contrebasse)
Dans "Pasión de Rumbero" de María del Carmén Mestas, on apprend qu'il est "né dans une famille de musiciens. Tout petit, il arpente les rues du quartier de Leguina (dans la ville de Güines) en traînant une caisse de cireur de chaussures pour gagner sa vie. À huit ans il a un besoin vital de rythme, et se construit un bongó avec deux boites de conserve. Dans les solares, dans le toques ded bembé, il étanche son insatiable soif de sons. Apprenti cordonnier, il devient musicien dans l'orchestre Ases del Ritmo, que dirigera son oncle Dionisio Martínez.
(…) (À La Havane), il ne trouvait pas de travail, car sa peau noire jouait contre ses aspirations à une vie meilleure, sans compter qu'à l'époque (en 1948, ndt.) la tumbadora n'était pas un instrument de premier plan comme aujourd'hui. On le voit dans les bars de la Playa de Marianao, dans les académies Habana Sport, Marte y Belona, très à la mode dans le milieu de la danse. On le voit ensuite jouer avec La Nueva Americana, de Paolo Domini, Los Jóvenes del Cayo, et La Típica de Belisario López. Il accompagne même le Trío Taicuba pour… 15 centavos (!).
Parmi ses souvenirs il est un lieu qui était privilégié pour Chano Pozo: la Radio Cadena Azul, où ils se sont connus, avant de partager les mêmes joies dans la comparsa Los Dandy de Belén. Tata a réalisé des enregistrements d'anthologie pour Chico O'Farrill, et tout spécialement les exceptionnels Descargas I et II. (…)
Il a commencé ensuite à utiliser ses ongles pour jouer, une de ses particularités connue sous le nom de: La Maquina de Escribir. Il jouait déjà, à New York, avec cinq congas. (…)
En 1962 il fonde son groupe, Los Tatagüinitos."
Tata, "El Negro" Vivar / trompette,
Rogelio "Yeyo" Iglesias / bongó, Guillermo Barretto)
Certaines sources contradictoires nous apprennent qu'il aurait joué de la contrebasse dans l'orchestre de ses oncles, et d'autres que c'était dans le Sexteto Pártagas. Il aurait également fondé la charanga "Estrellas Nacientes".
L'article de la Revue "Bohemia on line" (succédant à la célèbre revue Bohemia citée dans la rumba "Los Muñequitos"), article dont vous trouverez plus loin le lien, rétablit des vérités qui apparaissent souvent erronnées dans de nombreux articles, car Tata y dit lui-même:
"Il est indéniable que l'influence familliale a été le facteur essentiel qui a éveillé ma vocation artistique. Mon papa, José Alejo, plus connu sous le nom de Joseíto, jouait le tres, Ángel jouait de la contrebasse et Dionisio aussi était musicien. Tous étaient des frères de mon père. Un autre de mes oncles, Jorge Eladio était guitariste. Mon père dirigeait le Sexteto Partagás, qui répétait chez nous. Et moin à six ans, je les écoutais, et je commençai alors à jouer le bongó sur deux boites de conserve. D'un autre côté, le quartier où je suis né, à Güines, était très folklorique; on y pratiquait beaucoup la Santería, il y avait une forte influence yoruba. Il y avait beaucoup de danseurs de rumba, et moi j'aimais aller avec les grandes personnes, puisqu'avec eux j'apprenais. (…) Quand j'ai grandi je suis resté avec mon papa comme bongocero de son sexteto, et ainsi a commencé ma carrière. Ensuite j'ai travaillé avec mon oncle Dionisio dans sa charanga "Estrellas Nacientes". Puis je suis entré dans Aracaño y sus Maravillas, car lui-même m'a invité à venir à La Havane avec son orchestre, et j'ai dit oui. C'était en 1946. (…) Ensuite j'ai connu de grands musiciens qui aimaient ma façon de jouer. J'ai travaillé avec le premier orchestre de Música Campesina qui s'est créé à La Havane avec Guillermo Portabales. Plus tard j'ai travaillé avec Belisario López, puis en 1956 avec un orchestre plus connu; Fajardo y sus Estrellas, au cabaret Montmartre. (…) Puis est venue la mode des combos qui venaient de Porto Rico, et j'ai commencé à travaillé avec Cachao y su Ritmo Caliente, qui était parmi les premiers à l'époque. Il y avait-là Guillermo Barretto, Gustavo Tamayo, El Niño Rivera, et les chanteurs Rolito et Laíto. À partir de là j'ai été plus connu, pour mes solos de tumbadora. (…) J'ai travaillé à l'hôtel Waldorf Astoria et je suis resté trois ans travailler à New York. Je me rappelle pas combien de musiciens sont venus me voir pour que je leur apprenne ma façon de jouer. (…) Parmi mes élèves il y a eu Miguel Angá, Arturo, mon fils Tata Güinito, Giovanni Hidalgo, et "El Niño", le frère d'Oscar Valdés, qui jouait dans Irakere."
Tata Güines, outre ses talents dans la musique populaire et dans la rumba, est un spécialiste de la "Descarga", Latin Jazz cubain propres aux petites formations. Avec Chico O'Farrill, avec Cachao, avec Franck Emilio et le Quinteto Instumental de Música Moderna (qui deviendra plus tard "Los Amigos"), il écrit les plus belles pages de ce style musical. C'est là qu'il gagnera son surnom de "Manos de Oro". Malgré tout, ce n'est pas avant 1994 qu'il fera son premier disque sous son nom: Aniversario.
On peut regretter que la médiatisation considérable de la nouvelle de la mort de Tata Güines (articles dans Le Monde, Libération, etc…), soit due uniquement à sa carrière dans les disques de musique populaire, alors que celles de Chachá Vega et de Chavalonga sont passées relativement inaperçues. Ceci prouve une fois de plus que la rumba ne paie pas, et que la postérité ne retiendra pas la carrière "rumbera" de Tata, même si son premier cd sous son nom est un disque de rumba, et même si Tata est quasiment à l'origine de ce que nous considérons comme un des meilleurs albums de rumba de tous les temps: Rapsodia Rumbera.
En 2004 il participe à un dernier disque, Lágrimas Negras, de Diego "El Cigala" et Bebo Valdés (on trouve de nombreux articles sur Tata qui associent quasiment ce disque à son nom, ce qui est faux). L'album obtiendra un Grammy Award, au même titre que "La Rumba Soy Yo". "Cuban Odissey" de Jane Bunnett, album auquel il a également participé, a obtenu un "Juno Award" au Canada, et a été nominé au Grammy Awards.
Sur la page du site Herencia Latina, vous pourrez voir des clichés pris lors de son enterrement dans son village natal de Güines. Pour y accéder, CLIQUEZ ICI.
Pour lire un article et une interview de Tata en espagnol, publiés eux-aussi sur le site Herencia Latina, CLIQUEZ ICI.
Un des articles les plus complets sur sa vie est paru sur le site de la revue Bohemia ICI.
Voici maintenant, pêle-mêle, d'autres photos illustrant la vie de ce grand rumbero:
photo extraire de la méthode de Daniel Genton)