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jeudi 4 janvier 2007

Rumberos de Cuba : Habana de mi Corazón


De Barry:
Le nouveau cd de Rumberos de Cuba que nous évoquions ici est disponible, et il est bon, bien que difficile à trouver. Il y a un court documentaire sur le disque, dont Barry poste ici un extrait (on entend des bribes du cd en bande-son).


De Patricio:
J'aimerais ajouter, en tant que fan de Rumberos de Cuba, que quelque chose de différent est survenu avec ce nouveau disque, que je n'avais pas entendu dans aucun de six ou sept enregistrements que je possède.
"Les vieux chanteurs" ont disparu, bien que Luis Chacón et ce type que je ne connais pas apparaissent sur la vidéo (exit les deux derniers Aspirinas: Miguel Ángel et Luis Chacón, qui n'étaient que des "guests" ou des membres temporaires)- en fait, je ne connais pas la date de naissance de Sofía (la femme qui chante le yambú et le très beau "Sikuini Bakuele").
De toute évidence, "Rumba con Sentimiento" est partiellement chanté en duo par Ernesto et Ricardo Gómez Santa Cruz (guest ou membre à part entière?).
Tous les autres chanteurs sont jeunes (Ariel, Cusito). Parfois Ariel me rappelle Roberto Maza - il n'a pas une voix timbrée dans l'aigu comme l'ont d'habitude les rumberos. Les choeurs "sur-produits" sont présents, comme dans tous les cds récents (cf. Clave y Guaguancó "La Rumba que no Termina").
La première écoute m'a généré une grande émotion, car la voix d'El Gato, après quelques années, semble encore plus mûre, et contenir encore plus de sentimiento qu'auparavant. Peut-être (j'en suis quasiment certain) son état d'esprit actuel se reflète-t-il dans sa voix…


La seconde écoute m'a procuré un sentiment moins bon. Tous les vieux timberos ont également disparu, maintenant que Marquito est mort. Le joueur de quinto est censé être Maximino. Les tambours sonnent plus "tight", plus "agressifs", plus "modernes" aussi. Ils perdent un peu de leur ancien sabor - c'est le même sentiment qu'on a avec le nouveau style des Muñequitos. Peut-être ai-je besoin d'un peu de temps pour le ré-écouter, et m'habituer à ce nouveau style.
Je n'aime pas beaucoup le style de chant d'Ariel, et il prend visiblement plus de place qu'auparavant dans le groupe… peut-être est-ce juste cela…. Se fueron los rumberos viejos, excepté Maximino (né en 1939) et Ernesto (né en 1946, peut-il être considéré comme un vieux déjà?).
Rumberos de Cuba ne ressemble plus au All-stars qu'il était. Mais le disque est quand même très bon…

Postés par un danseur tchèque aficionado de rumba (et de Barbarito Rámos des Muñequitos de Matanzas), voici deux extraits d'un concert de RDC filmé au Teatro América. Dans le premier extrait, l'estribillo d'une columbia chante Miguel-Ángel Mesa, et dansent Ricardo Gómez Santa Cruz (qu'il nous semble reconnaître?), Barbarito Rámos et Luis Chacón Mendivel:


Dans le second extrait chante Luis Chacón Mendivel et danse Barbarito Rámos:

lundi 11 décembre 2006

Rumberos de Cuba: Modernité & Tradition

(Crédits Photo: Patricio)


Dans le panorama discographique actuel de la rumba, si l’on fait un rapide état des lieux des groupes susceptibles d’enregistrer, sait-on bien qui ils sont, et peut-on tenter de les classer? Voici une ébauche de recensement de ce que l’on trouve parmi les disques parus cette dernière décennie:
-Les groupes-phares “historiques”, que sont Los Muñequitos de Matanzas, Conjunto de Clave y Guaguancó, Grupo Yoruba Andabó, Afro-Cuba de Matanzas, et Los Papines.
-Certaines personnalités de la rumba, en tant qu’artistes indépendants, qui produisent depuis peu des albums sous leur nom, tels: “Pancho Quinto” Mora, Gregorio Hernández “El Goyo”, Mario Dreke “Chavalonga”, Pedro Celestino Fariñas, et quelques nouveaux artistes encore inconnus internationalement.
-Des nouveaux groupes jouant un style résolument avant-gardiste, tels: Iroso Obba, ou Rumba Eriera (les deux groupes comportent plus ou moins des mêmes musiciens).
-Des nouvelles formations proposant des “mélanges” et/ou de nouveaux styles, tels: Wemilere (l’accouchement de leur album a été difficile), Awiri Yo (rumba-comparsa) ou (aux USA) Deep Rumba.
-Quelques rares disques américains (où figurent forcément quelques musiciens cubains ayant émigré aux États-Unis depuis plus ou moins longtemps): Montvale Rumba, Rumba in Central Park…
-Quelques groupes cubains régionaux réussissant tant bien que mal à produire un album: Rumbatá (Camagüey), El Folkloyuma (Santiago), Rumberos de Hoy (Santiago)…
-Des enregistrements ethno-musicologiques, produits ça et là dans divers pays occidentaux ou à Cuba.

Rumberos de Cuba en Casa de la Música de Miramar
Janvier 2004
Chanteurs invités: (de d à g)
El Goyo, El Nené, El Negro Triana, Martha Galarraga,
Juan de Dios Rámos
(Crédits Photo: Dossier officiel RDC)


En marge de tout ce petit Monde, il existe depuis les années 1990, un certain “noyau” de rumberos havanais qui se regroupent autour d’un producteur, Rodolfo Chacón Tartabull, proche de Tatá Güines et de José Luis Quintana “Changuito”, qui sont tous deux des musiciens très officiels, des stars de la Egrem. Il ne semble pas qu’il n’y ait jamais eu de groupe constitué, ni de personnalité sortant du lot pour regrouper ces musiciens sous son nom - sauf peut-être Tatá Güines.
Cet ensemble de musiciens constitue depuis 1990 ce que l’on pourrait appeler “l’école Rapsodia Rumbera". C’est de ce noyau de musiciens que va naître au début des années 2000 le projet “Rumberos de Cuba”. Nous allons tenter ici d’en citer tous les acteurs.

Maximino Duquesne, Mario "Aspirina" Jáuregui, "Marquito" Diaz
Première version de la section de percussion de RDC
(Crédits Photo: Dossier officiel RDC)


Rumberos de Cuba n’est pas ce qu'on peut appeler un groupe de guarapachangueo. Il se situe plutôt du côté de la rumba traditionnelle, mais son styke est quand même très actuel. L’utilisation simultanée du cajón et de la tumbadora (pour le joueur de tumbador) est d’emblée une marque de modernité, tout comme la manière particulière de dialoguer au sein du duo: tumbador+tres-dos. Les compositions utilisées par Rumberos de Cuba sont soit anciennes, (Omelé, Flor de Mayo), soit "créatives" (adaptation de la cumbia “El Cafetál”), soit des nouveautés (El Trovador).
Le groupe est composé à la fois d’anciens rumberos traditionalistes (Mario Aspirina) et de jeunes apportant leur nouveau style (Ariel Monteresi). Rumberos de Cuba est donc un savant dosage entre tradition et modernité.
La carte de visite des acteurs du groupe ne peut qu’imposer le respect et placer d’emblée RDC parmi les groupes les plus renommés de l’île. Nous pouvons être certains que d’ici quelques années le groupe aura fait d’avantage parler de lui. La qualité de leur premier album est telle qu’on ne saurait douter de leur avenir.

(Crédits Photo: Dossier officiel RDC)


Le chanteur Ernesto Gatel Cotó “El Gato” a été un personnage central de ce projet, en tant que chanteur principal, et pour avoir assumé à plusieurs reprises le poste de directeur musical du groupe (Voir l’article complet sur Ernesto).
Dans la première version du groupe, les percussionnistes étaient Mario “Aspirina” Jáuregui Francis, Maximino Duquesne, “Marquito” Herminio Diaz, son fils “Yosvani” Diaz, et on y voyait souvent jouer le catá Lázaro Rizo. Les chanteurs du groupe, outre El Gato, étaient: Luis Chacón Mendivel “Aspirina”, Miguel Ángel Mesa Cruz “Aspirina”, Sofía Rámos Morejón, et Pedro Francisco Almeida Berriel “Tatá” (qui travaille simultanément avec Clave y Guaguancó). La danse (et les chœurs dans les parties non-dansées) est assurée par Dionisio Paul Palma et “Aidita” Salina Sánchez.
En 2000 ils enregistrent leur premier album, sorti par la Egrem en 2004: “¿Dónde Andabas Tú, Acerekó?” (Egrem 0600). Ils enregistrent également un magnifique dvd: “Rumbón Tropical”, en invitant en autres Ricardo Gómez “Santa Cruz”.

(Crédits Photo: Dossier officiel RDC)


Ils enregistreront ensuite un second cd (trois titres) avec Tatá Güines et Changuito, dans une formation “rumba-son” en compagnie du trompettiste Julio Padrón, du tresero “El Guajiro” et d'un contrebassiste. Il ont tourné à l'étranger avec cette formule, en tant que groupe accompagneur de Changuito et Tatá (j’ai eu le bonheur de les voir au Festival “Toros y Salsa” de Dax en septembre 2002).
La seconde version du groupe inclura Guillermo Escolástico "El Negro" Triana, Juan de Dios Rámos et surtout Santiago Garzón Rill “Chaguito”, ex-Clave y Guaguancó, qui devient pendant un temps le directeur musical du groupe. Lui aussi a réalisé un beau dvd: “Rumbambeo”.
L’année d’après ils enregistrent un nouvel album, encore inédit, en hommage à Tío Tom. Orlando “Puntilla” Ríos est au cœur du projet. Il s’agit d’un album de huit thèmes de Gonzálo Asencio "Tío Tom", dont: “La China Linda”, “¿Dónde Están los Cubanos?” , “Camina, a Trabajar”, “Siento que me Rengaña el Corazón”, “Como tu Sabes” ou “Tierra Brava”. El Gato écrit également une columbia, qui figure sur le futur cd, appelée simplement: “Tío Tom”. Les chanteurs principaux y sont Puntilla, Miguel Ángel Mesa et El Gato, mais RDC a également invité: El Goyo, Lázaro Rizo, et, (de Grupo Yoruba Andabó) Juan Cámpos Cárdenas “Chán”, Geovani del Pino Rodríguez and Miguel Chapottín Beltrán.

Yosvani Diaz, Maximino Duquesne, "Marquito" Diaz
Seconde version de la section de percussion de RDC
(Crédits Photo: Dossier officiel RDC)


Dans les derniers mois de l’année 2004 “Marquito” Diaz meurt après une opération du cœur consécutive à un infarctus, à l’âge de 42 ans. Depuis 1992, il avait formé avec Maximino Duquesne une fameuse “rítmica”, celle qui a enregistré beaucoup d'albums importants des années 1990, dont Rapsodia Rumbera.
En 2005 le groupe change quelque peu de configuration, après la mort de Marquito et le départ de Mario 'Aspirina'.
Entre alors dans le groupe Jesús “Cusito” Lorenzo Peñalver, un des meilleurs jeunes akpwones de La Havane, excellent percussionniste. Cusito a été membre de la compagnie “Raices Profundas” et de “Chavalonga y su Ven Tú”, devenu depuis Wemilere (cd “Santería” Harmonia Mundi).
Le jeune Yosvani Diaz Herrera, le fils de Marquito, a pris une place de plus en plus grande au sein de la section de percussions. Je ne l’ai vu que continuellement progresser entre 2001 et 2004.
Le futur projet de Rumberos de Cuba est un quatrième cd appelé “Habana de mi Corazón”.

Membres (ou ex-membres) de Rumberos de Cuba:

(Crédits Photo: Dossier officiel RDC)


Rodolfo Chacón Tartabull - producteur
Né à Cienfuegos, il entre à la Egrem en 1990. “Songs and Dances” de Conjunto de Clave y Guaguancó est le premier disque qu’il produit.
Il a gagné un “Gran Premio Egrem” en 1995 avec l’album de Tatá Güines et Miguel Anga Diaz “Pasaporte”.
Il a également reçu un “Premier Prix dans la catégorie Musique Traditionnelle et Folklorique” avec l’album de Tatá Güines “Aniversario”.
Il a encore reçu un “Premier Prix du Festival Cubadisco” avec l’album “Guajira con Tumbao”.

(Crédits Photo: Dossier officiel RDC)


Marcos Herminio Diaz Scull “Marquito” - tumbador
Il débute sa carrière comme danseur en 1968 dans la compagnie “Rita Montaner”. Il commencera ensuite à jouer dans divers groupes folkloriques, et intègre le “Conjunto Artístico de las FAR” (Fuerzas Armadas Revolucionarias) dans lequel il restera 10 ans. Il mourra en 2005 des suites d’un problème cardiaque. Il avait été membre du groupe de Tatá Güines, de celui de la Canadienne Jane Bunnett, et de Rapsodia Rumbera.

(Crédits Photo: Richard Housset)


Yosvani Diaz Herrera - tres/dos
L’un des plus jeunes membres de Rumberos de Cuba. Fils de Marquito. Il a travaillé avec “Iroso Obba” et avec “Awiri Yo”.
Il a joué dans le dernier disque de Miguel Angá Diaz, et dans un projet expérimental mené par Ry Cooder.

Yosvani Diaz & Maximino Duquesne au Palenque
(Crédits Photo: Dossier officiel RDC)


Maximino Duquesne Martínez “El Moro Quinto” - percussion
Né le 29 mai 1939 dans le fameux quartier “La Cueva del Humo” à Luyanó, à un endroit nommé “Concha y Fábregas”.
À l’âge de 9 ans il a ensuite déménagé dans le quartier “Las Yaguas”, autre quartier pauvre.
Membre-fondateur du Conjunto Folklórico Nacional en 1961, il a participé dès la fin des années 1940 au fameux groupe “El Coro Folklórico Cubano”. Il a étudié et enseigné tous les types de percussion folklorique, et a toujours été considéré comme un grand rumbero, ainsi que comme un spécialiste du bembé et du güiro.
Il a participé à nombre d’enregistrements légendaires, et a pris part lui aussi au projet de la Canadienne Jane Bunnett.

(Crédits Photo: Dossier officiel RDC)


Santiago Garzón Rill “Chaguito” - percussion et chant
Né a Guantánamo, il a commencé sa carrière de musicien dans les groupes de Changüí. Après son départ pour La Havane il entre dans le Conjunto de Clave y Guaguancó, où il est resté six ans.
Il est également auteur de rumba, et a assumé pendant quelques temps le rôle de Directeur Musical des Rumberos de Cuba.
On peut trouver son dvd “Rumbambeo” sur:
www.earthcds.com/caribbean/cuba/cuba-rumbambeo.shtml

(Crédits Photo: Dossier officiel RDC)


Ariel Monteresi - chant
Souvent présenté comme un “protégé” et/ou "fils spirituel" de Juan de Dios Rámos “El Colo”, avec qui il commence à travailler à l’âge de 12 ans. Il a été membre de groupes “Ébano”, de “Obba Ilú” (dirigé par "El Goyo"), et de “Clave y Guaguancó”.
Il a travaillé pendant un an en Italie au “Cabaret Tropicana di Roma”.
Il est devenu célèbre à La Havane avec sa rumba “Dile que Yo Soy tu Tío”.

(Crédits Photo: Dossier officiel RDC)


Dionisio Paul Palma - danseur
Diplômé de la ENA en 1982, il est entré au “Conjunto Folklórico Nacional”, avec lequel il travaille encore, avec le titre de “Primer Bailarin Solista”, et de professeur.

(Crédits Photo: Dossier officiel RDC)


Sofía Rámos Morejón - chant
Elle commence sa carrière dans la musique folklorique en 1994, dans le groupe féminin “Iyá Aché”, avec lequel elle travaille pendant 7 ans. Comme beaucoup de chanteuses dans la rumba, son rôle est de chanter le yambú.

(Crédits Photo: Dossier officiel RDC)


Aida Salina Sánchez “Aidita” - danse & chœurs
Dès son plus jeune âge, elle a dansé sur scène avec des artistes tels que Merceditas Valdés ou Celina González. Elle a travaillé au sein de Raices Profundas, et de “Havana Night”. Elle a également dansé avec le Conjunto Rumbavana ou avec Jane Bunnett.

“Los tres Aspirinas”:
Cette grande famille de rumberos de Guanabacoa a eu de nombreux membres, dont beaucoup sont morts, et dont beaucoup de jeunes petits-fils et neveux perpétuent la tradition de folklore. Le nom de “Aspirina” vient d’un frère aîné de Mario Jáuregui, Pedro, souvent victimes de terribles maux de dents, et devenu célèbre pour soigner ses douleurs en gardant pendant des heures contre sa dent malade des cachets d’aspirine. On lui donna donc naturellement le surnom de “Aspirina” qu’on attribua ensuite à toute la famille.

Mario "Aspirina" Jáuregui Francis
(Crédits Photo: Pascal Gouy "El Chévere.")


Né le 22 juillet 1932, Mario est considéré comme l’un des plus grands quinteros de Cuba, avec Jesús Alfonso de Matanzas. À l’âge de 9 ans il commence à étudier les batá avec Pablo Roche, et on dit de lui qu’il apprend plus rapidement que tous les autres. Il commença à jouer dans les cérémonies alors qu’il était encore un enfant. Il dit lui-même avoir joué le quinto dans “El Vive Bien” d’Alberto Zayas, premier album de rumba enregistré à Cuba, mais il ne figure pas dans les crédits du disque.
Membre-fondateur du Conjunto Folklórico Nacional en 1961, en tant que danseur.
Il est assurément le gardien de la tradition des vieus styles de rumba et des batá de La Havane.
Il est un des toous-derniers élèves de Pablo Roche encore en vie avec Chachá Vega (Pancho Quinto venant de disparaître. De plus, au contraire de Pancho Quinto, qui “inventa” beaucoup de choses dans la rumba comme dans les batá, Mario n’a jamais changé une ligne de son style, appris avec “les rumberos de la Historia” et avec Pablo Roche.
C’est un petit homme, discret et tranquille, qui se garde en parfaite condition physique. Le musicien nantais Karim Ammour est actuellement en train d’écrire un ouvrage sur Mario.

(Crédits Photo: Patricio)


Miguel Ángel “Aspirina” Mesa Cruz “El Caballero de la rumba” - chant
Un des plus vieux chanteurs de La Havane. Il est le champion incontesté de la columbia (45 minutes). El Goyo dit de lui que ce nouvel Aspirina a été une source d’inspiration pour lui.
Membre de Conjunto de Clave y Guaguancó après sa re-formation, comme en témoigne l’extrait du fabuleux documentaire de 1967 “Y Tenemos Sabor” visible grâce à Guarachón sur ce site.
Miguel Ángel "ouvre" le disque “Rapsodia Rumbera” avec sa fameuse chanson “Miguel Ángel el Divertido”. Il a travaillé pendant des années au cabaret Tropicana.
Il est la parfaite incarnation du rumbero autodidacte, et a travaillé en de nombreuses occasions avec des légendes de la rumba havanaise, comme Agustín Pina “Flor de Amor” ou Odilio Urfé.

(Crédits Photo: Patricio)


Luis Chacón “Aspirina” Mendivel - percussion, chant et danse
Il est un peu plus jeune que les deux précédents. Luis a été directeur de nombreux groupes à partir des années 1960. Il chante, danse et joue les tambours, le tout avec une incroyable énergie. Musicien de la Orquesta Jorrín, il a été lui aussi membre-fondateur du Conjunto Folklórico Nacional. En 1964 il fonde son propre groupe, Sicamalié.

Rumberos de Cuba a produit le cd “¿Dónde Andabas Tú, Acerekó?” qu’on peut trouver sur:
www.egrem.com.cu/catalogo/undisco.asp?codigo=CD-0600
www.descarga.com/cgi-bin/db/20747.10?yteNAN7v;;340
www.mostwanted-online.nl/shop/catalog/

et un remarquable dvd, “Rumbón Tropical”, qu’on peut trouver sur:
www.boogalu.com/generic121.html
www.earthcds.com/caribbean/cuba/cuba-rumbon.shtml
www.descarga.com/cgi-bin/db/20667.20?yteNAN7v;;403

vendredi 8 décembre 2006

Ernest Gatel "El Gato Maravilloso"

(photo tirée du dossier officiel de Rumberos de Cuba)

Né le 16 septembre 1946, Rogelio Ernesto Gatel Cotó “El Gato maravilloso” vient d'avoir 60 ans. Son anniversaire de Saint aura lieu le 20 décembre 2006. Il est un des rares musiciens blancs à s’être imposé dans le monde de la rumba.
Né à Santos Suárez, La Havane, il est revenu vivre aujourd'hui dans ce même quartier. Sa modeste famille a très tôt déménagé à Regla, de l’autre côté de la baie. Regla (patrie du premier “plante” abakuá) et Guanabacoa ont toujours été considérés comme les quartiers les plus “africains” de La Havane. La famille d’Ernesto était la seule famille blanche du solar dans lequel ils vivaient, et Ernesto a d'emblée souffert du racisme des noirs envers les blancs. Jeune garçon, il commença la percussion, comme un passe-temps, sur une vieille tumbadora. Il rejoindra plus tard la comparsa “Los Guaracheros de Regla”. C'est alors qu'il décide d’étudier plus sérieusement, et qu'il apprend à jouer tous les styles folkloriques de La Havane (rumba, abakuá, arará, bembé, güiro…) à l’exception des tambours batá, qu’il n’étudie pas de façon appronfondie. Il a toujours considéré l’étude des batá comme un travail gigantesque (et c'est bien la réalité). Il joue parfois okónkolo sur scène ou ailleurs, quand il manque un percussionniste. Ses professeurs sont tous des percussionnistes célèbres, avec qui il travaillera ensuite comme chanteur: il cite Maximino Duquesne Martínez “El Moro Quinto”, Luis Chacón “Aspirina” Mendivel et “Pancho Kinto” Mora, entre autres.

(photo par Pascal Gouy "El Chévere" prise devant la maison d'Ernesto. De g à d debout: Yosvani Diaz, Ernesto, Lázaro Rizo, Aidita… Aux percussions de g à d: Marquito, Mario "Aspirina", Maximino Duquesne)

À l’âge de 42 ans, en 1988, Ernesto devient enfin percussionniste professionnel. En 1990 il intègre le plus ancien groupe de rumba de Cuba, Conjunto de Clave y Guaguancó, avec qui il va rester trois ans. Amado Dedeu, déjà directeur de CyG à cette époque, lui demande alors de chanter quelques rumbas, car il manquait au groupe un chanteur. À cette époque, les membres du Conjunto Clave y Guaguancó étaient:
-la défunte "Amelita Pedroso" (nièce de l’akpwón Lázaro Pedroso “Ogún Tola”), grande spécialiste du yoruba,
-“Lalí” González Brito, percussionniste (Ernesto et lui sont tous deux blancs, et portaient la barbe à cette époque),
-Pedro Lugo Martínez “El Nené”, incroyable chanteur à l’aise dans trois styles: Le Son, le Yoruba (Abbilona), et la Rumba (Rapsodia Rumbera).
-José (del) Pilar Suárez, chanteur et percussionniste, et
-Alejandro Publes, célèbre percussionniste qui a disparu en 1991.
Tous ensemble, ils ont enregistré en novembre 1990 le premier album de Conjunto de Clave y Guaguancó: “Songs & Dances” ou “Cantaremos y Bailaremos” (Xenophile GLCD 4023). Cet album est le premier disque de “guarapachangueo” jamais enregistré, après la révolution qu'a connue la rumba, générée par l'explosion de ce nouveau style dans les années 1980, inventé par “Los Chinitos” de San Miguel del Padrón. Los Chinitos créèrent le guarapachangueo dans les “Cajones al Muerto” (cérémonies spiritistes) avec seulement deux joueurs de cajón, ainsi que des nouvelles formes de cajones. Bien distribué, l’album “Songs & Dances” est maintenant connu dans le Monde entier. Le producteur cubain du disque, Rodolfó Chacón Tartabull, après de multiples projets couronnés de succès, deviendra directeur administratif de Rumberos de Cuba, le nouveau groupe-phare d’Ernesto.

En 1992 Ernesto entre dans le groupe de Aritides Sotó “Tatá Güines”, avec lequel il part en tournée au Japon, puis au Mexique, au Venezuela et en République Dominicaine. Dans ce groupe figuraient déjà Maximino Duquesne “El Moro Quinto” et Marcos Herminio Diaz Scull “Marquito”. Ces deux-là suivront Ernesto jusqu’à la création of Rumberos de Cuba, et à la mort de Marquito en 2005. Ils enregistrent en 1995 “Aniversario” (Egrem 0156), où figurent: Pedro Lugo Martínez “El Nené”; Lázaro Rizo Cuevas (un chanteur qui joue tous les “palitos” dans les meilleurs disques de rumba des années 1990 et 2000), et un Gregorio “El Goyo” Hernández au sommet de son art. Le producteur de ce disque est encore une fois Rodolfo Chacón.


En 1993 Ernesto chante dans “Rapsodia Rumbera” (Egrem 0121), peut-être le meilleur disque de rumba havanaise jamais enregistré. Sur la photo de la pochette on peut reconnaître de g à d et de h en b: Gregorio "El Goyo" Hernández, Ricardo Gómez Santa Cruz, Mario Dreke "Chavalonga", Amado Dedeu, (on distingue ensuite à peine Marquito et Maximino Duquesne), et un Ernesto Gatel barbu.
Marquito et Maximino jouent le tres-dos et le tumbador, et les meilleurs quinteros de La Havane viennent improviser sur ce tapis: Mario Jauregui “Aspirina” (4 morceaux), Tatá Güines (3 morceaux), Pancho Quinto (1 morceau), Amado Dedeu (1 morceau) et… Pedro Lugo “El Nené”! (1 morceau). La section vocale de Rapsodia Rumbera constitue un “All-stars” en elle-même: Miguel Ángel “Aspirina” Mesa Cruz (recordman de la columbia - 45 mns); Ernesto Gatel; Pedro Lugo “El Nené”; Juan de Dios Rámos “El Colo”; Ricardo Gómez “Santa Cruz”; Mario Dreke “Chavalonga”; Amado Dedeu, avec Gregorio Hernández “El Goyo” dans le rôle de directeur du coro. Ernesto y chante seulement le thème de “El Yerbero”, à deux voies avec "El Nené". Rapsodia Rumbera tournera en France, grâce à un projet mené de Nantes par Olivier “Doudou” Congar et Karim Ammour.


En 1997, Ernesto pris part au projet “Afrekete - Iyabakuá” (Pan Records CD2078) dont le directeur musical est Javier Cámpos Martínez “Javierito”, avec Pancho Kinto, José Pilar, Maximino Duquesne, le petit Eric Michael Herrera Duarte “Lucumí”, Lázaro Rizo et Marta Gallarraga (fille du célèbre akpwón Lázaro Gallarraga).
En 1998 El Gato entre au sein du groupe d’El Goyo, “Obá Ilú”, avec lequel il enregistre le LP “Santería” (Soul Jazz Records CD38), avec “Pedrito” Martínez Cámpos (rien à voir avec Javierito), Marta Galarraga, Maximino Duquesne, Lázaro Rizo, Ricardo Gómez “Santa Cruz”, Mario “Aspirina” Jauregui, et un des fils de Goyo: Lázaro Hernández Junco. À cette époque Ernesto rejoint également le Conjunto Folkórico Nacional comme chanteur soliste.
Cette même année il rejoint la formation de la saxophoniste (et flûtiste) canadienne Jane Bunnett “Spirits of Havana”, enregistrant avec elle trois albums et un dvd. Le premier cd sera “Chamalongo”,
le second: “Ritmo más Soul” (que je considère un des meilleurs albums de latin jazz de tous les temps), et le troisième: “Cuban Odissey” (2002). “Cuban Odissey” a été enregistré un peu partout à Cuba, avec des musiciens de chaque ville visitée par Jane Bunnett, tels que les Muñequitos de Matanzas, Grupo Vocal Decendann de Camagüey, Los Naranjos de Cienfuegos, etc… The dvd porte le même nom que le cd (“Cuban Odissey”) et contient le même programme. Il a été partiellement filmé dans la maison d’Ernesto à Santos Suárez, “frente al cine Mara”. Tous les rumberos de La Havane connaissent la bonne acoustique de la pièce principale de cette maison - c’est l’endroit où répètent Rumberos de Cuba.


Ernesto participe à un 8ème album en 2002. Il s’agit du projet dirigé par Orlando “Puntilla” Ríos - qu’Ernesto considère son père spirituel - appelé “Cuando los Espíritus Bailan Mambo”. Ce projet est lié à un film du même nom (voir http://www.whenthespiritsdancemambo.org/index.html). Ce double album comprend quatre groupes: “Los Egun Hablan”, “Conjunto de Clave y Guaguancó”, “Grupo Yoruba Andabó” et une charanga renommée qui joue ici dans le style dit “Violín a los Orichas”: La Orquesta Estrellas Cubanas.
Le groupe appelé “Los Egun Hablan” constitue le premier maillon discographique de ce qui deviendra ensuite “Rumberos de Cuba”. Dans le disque de Puntilla, et sous sa direction, Los Egun Hablan sont: Ernesto Gatel, Lázaro Rizo, Guillermo Escolástico “El Negro” Triana, Santiago Garzón Rill “Chaguito”, Luis Chacón “Aspirina”, “Aidita” Salina Sánchez - danseuse et choriste, “Lucumí”, Reynaldo Delgado Salerno “Flecha” (célèbre batalero et chanteur, jouant iyá dans toute la série de cds de Lázaro Ros “Oricha Ayé”, ayant ensuite émigré à Genève), et ceux qui deviendront la section de percussion de Rumberos de Cuba: les désormais inséparables Marquito Diaz (tumbador) et Maximino Duquesne (tres-dos ou quinto), plus Mario “Aspirina” Jauregui (quinto), et Yiovani Diaz (fils de Marquito), qui peut jouer aussi bien le tumbador que le tres-dos.
Le projet actuel d’Ernesto Gatell est son propre groupe, Rumberos de Cuba, dont Rodolfo Chacón est producteur. Ce groupe, sur lequel nous ferons prochaînement un long article, a enregistré à l’heure actuelle quatre cds. Le premier est paru chez Egrem. Il s’agit de “¿Donde Andabas Tú, Acerekó?”. Ils ont également produit un dvd, “Rumbón Tropical”, qui est en vente dans nos liens favoris. Trois autres albums sont pour l’instant inédités:
-un cd de trois titres avec Tatá Güines et José Luis Quintana “Changuito”,
-un cd en hommage à Tío Tom (dirigé à nouveau par Puntilla?), et
-un tout dernier album enregistré il y a peu avec la nouvelle formation du groupe (la mort de Marquito et le départ de Mario Aspirina ayant quelque peu bouleversé la section rythmique).



Ernesto (à gauche) à l'anniversaire d'Orlando Puntilla, La Havane 2004
(Photo Credit: Patricio)


Ernesto Gatell est également depuis 1999 professeur sur les stages organisés à Santos Suárez par Trempolino et Olivier “Doudou” Congar, de Nantes, et dont au moins deux ont un agrément AFDAS (musique yoruba et musique populaire), ce qui permet aux intermittents du spectacle de partir étudier à moindre frais. Il reste d’ailleurs quelques places sur les stages de 2007. Contactez Trempolino à Nantes au 02.40.46.66.55 qui vous aiguillera ensuite sur l’Afdas de Rennes. Pour monter un dossier il suffit de témoigner d’au minimum 48 attestations de Congés-Spectacles (ou du "guichet unique") sur deux ans (24 par an). Les frais du stage se montent en tout à environ 250 euros pour 12 jours de stage tout compris (voyage, hébergement, nourriture, cours). J’ai eu la chance de faire partie de deux de ces stages en musique yoruba, et je peux vous affirmer qu’ils comptent parmis mes meilleurs séjours à Cuba.